Introduction - Dans le contexte de la pandémie de Covid-19, dès l'annonce du confinement mis en place du 17 mars au 11 mai 2020, Santé publique France a lancé un dispositif de surveillance comportementale (enquête CoviPrev) permettant d'évaluer l'impact du confinement sur la santé de la population. La sixième vague de cette enquête conduite du 4 au 6 mai 2020 a permis d'analyser les niveaux d'activité physique et de sédentarité de la population adulte pendant le confinement, l'évolution perçue de ces comportements par rapport à avant le confinement et les facteurs qui lui sont associés. Méthodes - Un échantillon indépendant de 2 000 personnes, âgées de 18 ans et plus, résidant en France métropolitaine, a été interrogé en ligne. La représentativité a été assurée par la méthode des quotas et les données ont été redressées selon le recensement de la population de 2016. Les prévalences du manque d'activité physique (activité physique inférieure à 30 minutes/jour) et d'une sédentarité élevée (temps passé assis supérieur à 7 heures/jour) et la fréquence d'interruption du temps passé assis ont été analysées de manière descriptive, ainsi que leurs associations avec les variables sociodémographiques et de santé mentale. Les évolutions déclarées de l'activité physique et du temps passé assis par rapport à avant le confinement ont été analysées par des modèles multivariés. Résultats - Durant la période de confinement la moitié de la population n'a pas atteint les recommandations d'au moins 30 minutes d'activité physique par jour et un tiers a déclaré un niveau de sédentarité élevée, passant plus de 7 heures par jour en position assise. La fréquence de rupture de sédentarité a été inférieure aux recommandations spécifiques au confinement pour 55% des personnes interrogées. En comparant à leurs pratiques d'avant le confinement, 47% des répondants ont déclaré avoir diminué leur activité physique et 61% avoir augmenté leur temps quotidien passé assis. Le manque d'activité physique a concerné davantage les personnes de catégories socioprofessionnelles moins favorisées (CSP-) ou sans activité professionnelle, ainsi que les femmes les moins diplômées, en arrêt de travail ou au chômage partiel. En revanche, la déclaration d'une diminution de l'activité physique était associée à un statut social élevé et, chez les hommes, au télétravail. La hausse déclarée du temps passé assis était associée au télétravail et au chômage partiel. Des liens entre activité physique, sédentarité et santé mentale ont été montrés. Le manque d'activité physique, la sédentarité élevée, la diminution de l'activité physique et la hausse du temps passé assis par rapport à avant le confinement étaient associés, de façon différenciée selon le sexe, à l'anxiété, à la dépression ou à des troubles du sommeil déclarés pendant le confinement. Conclusions - Nos résultats mettent en évidence une dégradation des comportements d'activité physique et de sédentarité dans la population adulte pendant la période de confinement. Ils montrent l'importance de promouvoir un mode de vie actif dans une telle situation, afin de contribuer au maintien de la santé physique et mentale de la population. Les mesures de prévention relatives à la limitation et à la rupture de la sédentarité apparaissent aussi particulièrement importantes à poursuivre dans le cadre du télétravail, susceptible de se développer au-delà de la pandémie de Covid-19.
Auteur : Escalon Hélène, Deschamps Valérie, Verdot Charlotte
Bulletin épidémiologique hebdomadaire, 2021, n°. 3 - série Covid-19, p. 2-13