L'importance de l'alimentation dans la petite enfance a été largement démontrée en ce qui concerne la morbidité qui lui est associée, tant à court terme qu'à long terme. Depuis la naissance, la période d'alimentation exclusivement lactée, suivie par celle de l'introduction d'autres aliments pour atteindre une diversification adaptée aux besoins nutritionnels du jeune enfant, semble impliquée dans les risques d'infections, d'allergie ou encore de certaines maladies chroniques telles que le diabète. Le bénéfice de l'allaitement maternel pour la prévention du cancer du sein chez les mères a aussi été souligné dans le cadre du rapport 2007 du World Cancer Research Fund (WCRF). En France, des recommandations ont été diffusées par la Haute autorité de santé et dans le cadre du Programme national nutrition santé (PNNS). Les données de l'Enquête nationale périnatale (ENP) montrent que l'allaitement maternel est actuellement pratiqué de façon insuffisamment fréquente en France. En 2003, près des deux tiers des femmes avaient initié un allaitement maternel en maternité, avec de fortes disparités géographiques et sociales. Un peu plus de la moitié le pratiquait de façon exclusive. L'ENP ne porte que sur les premiers jours de vie de l'enfant donc ces fréquences peuvent être considérées comme très insuffisantes. Par ailleurs, aucune information sur la durée de cet allaitement, son degré d'exclusivité et l'âge au début de la diversification n'est actuellement disponible à l'échelle nationale. Une étude réalisée pour le Syndicat français des aliments de l'enfance, tous les 8 ans depuis les années 1980, porte sur l'utilisation des formules lactées et la diversification alimentaire. Elle comporte cependant des limites méthodologiques notables (recrutement sans aucun enfant allaité au sein, taille d'échantillon, données recueillies) et ses résultats sont centrés sur l'utilisation des aliments du commerce. Pourtant, la période de diversification (âge de l'enfant, ordre d'introduction et nature des aliments) est aussi importante en termes de couverture des besoins nutritionnels et d'implication pour la santé des enfants à plus long terme. Le besoin d'évaluation de santé publique conjugué à l'absence de données y répondant nous a conduit à considérer la surveillance de l'alimentation des enfants de moins d'1 an comme devant être mise en place prioritairement. La cohorte de l'Étude longitudinale française depuis l'enfance (Elfe) ne peut répondre à cet objectif car il est nécessaire de disposer d'un outil permettant la répétition régulière d'un tel recueil pour mesurer l'évolution des pratiques en fonction des recommandations en cours. L'Unité de surveillance et d'épidémiologie nutritionnelle (Usen), unité mixte de l'Institut de veille sanitaire et de l'Université de Paris 13, a été chargée de réaliser en 2012-2013 l'étude Épifane qui, de par son caractère national, sa simplicité et sa reproductibilité doit permettre de répondre à ce besoin. (R.A.)
Auteur : Salanave B, de Launay C, Deschamps V, Castetbon K
Année de publication
: 2011
Pages : 24 p.