Les premières alertes sanitaires liées à des pollutions des sols industriels ont éclaté au début des années 1980 (Love Canal, Woburn, etc.). Les études épidémiologiques réalisées pour répondre aux interrogations de la population ont deux écueils : l'estimation de l'exposition et la taille réduite des populations. Aujourd'hui, les populations demandent des mesures biologiques car elles souhaitent disposer d'une mesure réelle de leur exposition. Il est devenu nécessaire de clarifier la démarche décisionnelle qui permet de statuer sur l'utilité, la pertinence et la faisabilité de conduire une étude d'exposition utilisant des biomarqueurs. Trois exemples illustrent les pratiques d'aujourd'hui et montrent l'hétérogénéité des situations à analyser et gérer. Il en ressort cependant les trois questions clés qui structurent les étapes d'une démarche décisionnelle : y a-t-il une utilité à proposer de mettre en place une étude sanitaire ? Est-il pertinent de conduire une étude d'exposition ; l'utilisation d'un biomarqueur est-elle la meilleure approche ? L'étude est-elle faisable et notamment existe-t-il un biomarqueur permettant de répondre aux attentes ? Les réponses à ces trois questions sont indispensables, le manque actuel de connaissances ne permettant pas de s'engouffrer sans réflexion préalable dans ce type d'étude. Fort de son expérience, l'Institut de veille sanitaire est en train de rédiger une conduite à tenir destinée aux professionnels de santé publique. (R.A.)
Auteur : Dor F, Sauthier N, Mantey K, Lasalle JL, Daniau C
Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire, 2008, n°. 47-48, p. 468-70