Santé publique France a mis en place un réseau visant à suivre la relation température-mortalité à partir d'études multicentriques en séries temporelles dans 18 zones urbaines françaises. Ses premiers travaux portent sur les impacts de la chaleur et du froid sur la période 2000-2010. La relation température-mortalité est très homogène dans les zones étudiées. Le froid a un effet progressif, étalé sur plusieurs jours, et visible à des températures douces (inférieures au percentile 49). La chaleur a un effet très rapide, concentré sur les premiers jours, éventuellement suivi d'un effet moisson. Au-delà du percentile 99,2, l'augmentation immédiate de la mortalité n'est que partiellement compensée par l'effet moisson, qui disparaît totalement aux percentiles supérieurs à 99,8. Pour une température extrême (percentile 99,9) la mortalité cumulée sur 21 jours est 1,96 fois plus importante (risque relatif (RR) : 1,959 [IC 95% 1,587 : 2,418]) que pour une température médiane. Sur l'ensemble des 18 zones urbaines, entre 2000 et 2010, le froid est responsable de 3,9% [3,2 : 4,6] de la mortalité, et la chaleur de 1,2% [1,1 :1,2] en considérant l'impact global, et 0,5% [0,4 :0,6] en prenant en compte de l'effet moisson. L'impact du froid résulte de RR faibles s'appliquant un nombre important de jours dans l'année (jours où la température est située entre les percentiles 2,5 et 25 de la distribution des températures), celui de la chaleur à des RR élevés s'appliquant rarement (jours où la température est supérieure au percentile 90 de la distribution des températures). Ces résultats mettent en avant la forte non-linéarité de la relation température-mortalité, et la dissymétrie entre les dynamiques temporelles des impacts du froid et la chaleur. La répétition de telles études dans le temps permettra de tester des hypothèses concernant les dynamiques spatio-temporelles et in fine contribuera à dimensionner la surveillance et la prévention dans un contexte de changement climatique.
Auteur : Pascal M, Wagner V, Corso M
Année de publication
: 2017
Pages : 61 p.