Les prévalences d'épisodes dépressifs majeurs (EDM) en population générale diffèrent selon les enquêtes. La version courte du "Composite International Diagnostic Interview" (CIDI-SF) a été utilisée à moins d'un an d'intervalle dans deux enquêtes représentatives de la population française de 15 à 75 ans (2004-2005). La méthodologie était identique sauf pour la construction de la prévalence de l'EDM des 12 derniers mois. Les objectifs de cet article sont d'étudier les effets de cette différence méthodologique sur l'estimation de la prévalence et les facteurs associés à l'EDM. Matériel et Méthode - Les enquêtes Baromètre santé et Anadep sont réalisées par sondage à deux degrés. Des foyers sont tirés au sort à partir de l'annuaire téléphonique, puis un individu est sélectionné. Les échantillons étaient respectivement de 16 883 et 6 498 personnes. L'enquête Baromètre s'intéressait aux troubles au cours de l'année, tandis qu'Anadep interrogeait sur la vie et ensuite sur l'année, utilisant dans les deux cas le CIDI-SF. Résultats - Les estimations de prévalences de l'EDM étaient différentes : 7,8% dans le Baromètre et 5,0% dans Anadep. La différence était marquée pour les épisodes légers ou modérés alors que la prévalence des épisodes sévères était plus proche, respectivement 3,2% et 2,6%. Cependant, les profils restaient équivalents. Dans les deux enquêtes, les femmes, le veuvage, le divorce, le chômage, l'invalidité ou le congé maladie étaient les situations qui présentaient des associations les plus importantes avec l'EDM. Discussion - Cette différence dans les estimations de prévalences reflète les difficultés méthodologiques de la mesure de la dépression. Malgré ces différences, les facteurs associés à l'épisode dépressif majeur restent sensiblement les mêmes dans les deux enquêtes, permettant de cibler les politiques de prévention.[résumé auteur]
Auteur : Sapinho D, Chan Chee C, Briffault X, Guignard R, Beck F
Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire, 2008, n°. 35-36, p. 314-317