Contexte : l'Accident d'exposition au sang (AES) et aux liquides biologiques est un risque professionnel majeur pour les professionnels de santé. La réduction de la survenue des AES est l'une des priorités du plan stratégique national pour la prévention des infections associées aux soins et du programme national pour la prévention des infections associées aux soins. La surveillance des AES en France est standardisée depuis 2002 et est dirigée par le réseau national "Raisin" (Réseau d'alerte, d'investigation et de surveillance des infections nosocomiales et associées aux soins), en collaboration avec le Geres (Groupe d'étude sur le risque d'exposition des soignants). Objectif : Surveiller les AES dans les établissements de santé (ES) français. Méthodes : la participation des ES à ce réseau de surveillance (AES-Raisin) est volontaire et anonyme. Les AES ont été documentés à l'aide d'un questionnaire standardisé et adapté par le GERES. Le questionnaire documente la nature, les circonstances (mécanisme, type de dispositif, statut infectieux de la source) et le suivi de chaque AES. La survenue des AES a été rapportée au nombre de lits des hôpitaux, au nombre de professionnels de santé (en équivalent temps plein) et à l'utilisation de certains dispositifs médicaux. Résultats : 17 148 AES en 2011 et 18 829 AES en 2012 ont été respectivement documentés dans les 849 ES en 2011 et dans 1 019 ES participant au réseau de surveillance en 2012, soit 39,3 % des ES et 72,3 % des lits d'hospitalisation pour cette dernière année. Le taux de participation à la surveillance AES-Raisin est en constante augmentation depuis 2003. L'incidence globale des AES était de 6,6 avec un IC95% [6,5-6,7] en 2011 et de 6,3 avec un IC95% [6,2-6,3] en 2012, allant de 1,0 IC95% [0,9-1,1] à 16,0 IC95% [14,9 à 17,1] en fonction des catégories professionnelles. Pour l'ensemble des ES participants et dans la cohorte stable des 342 hôpitaux qui ont participé chaque année de 2008 à 2012, les taux d'incidence AES pour 100 lits ont diminué de 14,9 % et 13,9 % respectivement. L'accident percutané a été la cause la plus fréquente d'AES rapportée, et a représenté 14 885 AES en 2012 soit 79 % de la totalité, principalement dans le cadre de blessures par piqûre (n=12 842), la moitié d'entre elles étant liée à la manipulation des aiguilles (48,8 %) qui reste le principal type d'exposition signalée. L'utilisation croissante des dispositifs sécurisés a été observée sur la période de l'étude. Au sein de la cohorte stable, la conformité de l'usage des gants dans les ES rapportant des AES est passée de 67,7 % en 2008 à 72,5 % en 2012, ainsi que la mise à disposition des boîtes PCT (piquant coupant tranchant) passant de 69,9 % en 2008 à 73,7%. En 2012, l'AES reste toutefois un évènement évitable grâce au respect des précautions standard dans 30,9% des cas (4 602 de 14 885). Au sein de la cohorte stable entre 2008 et 2012, une diminution statistiquement significative de la proportion des AES évitables (-18,8 %) et parmi eux des APC par recapuchonnage (-11,4 %) est observée. Conclusions : nos résultats permettent de penser que la sécurité d'exercice des professionnels de santé a été fortement améliorée au cours des dix dernières années en France. En conclusion, en participant à cette surveillance, les professionnels de santé ont une meilleure connaissance des AES qui permet d'optimiser leur prévention. Cependant, ces efforts méritent d'être poursuivis pour maintenir et continuer à optimiser la sécurité d'exercice. (R.A.)
Auteur : Floret N, Ali Brandemeyer O, Réseau d'alerte d'investigation et de surveillance des infections nosocomiales (RAISIN)
Année de publication
: 2014
Pages : 92 p.