Points clés Évolution de l'envie d'arrêter de fumer et des comportements tabagiques des fumeurs en temps de crise sanitaire La proportion de fumeurs quotidiens souhaitant arrêter de fumer était évaluée à près de 60 % au premier semestre 2020, au cours duquel le premier confinement de la population liée à la Covid-19 a été mis en place. Cette proportion était similaire à celles des années précédentes. La majorité des fumeurs résidant en France métropolitaine (entre la moitié et les deux tiers selon les enquêtes prises en compte dans le cadre de cette étude) ont déclaré que la crise sanitaire n'avait pas influencé leur consommation, ni leur motivation à arrêter de fumer. Au sein de la minorité restante, l'évolution de la consommation de tabac pendant la pandémie était très dépendante de la situation professionnelle (télétravail, perte d'emploi) et du niveau de stress ressenti pendant la crise sanitaire. Si les personnes habituées à fumer lors de moments de convivialité ont réduit leur consommation du fait de l'amenuisement des occasions sociales, les fumeurs qui identifiaient la cigarette comme un moyen de soulager le stress ont eu tendance à davantage fumer en temps de crise. Motivations et freins en période de pandémie Les trois principales motivations à l'arrêt du tabac déclarées en 2020 et 2021 étaient la santé, le coût de cette consommation - davantage marqué chez certains fumeurs en raison des difficultés économiques induites par la pandémie - et la lassitude vis-à-vis de la dépendance. Les fumeurs souhaitant arrêter craignaient principalement les symptômes de sevrage (prise de poids, irritabilité...), une réduction des liens sociaux et la perte du soutien procuré par la cigarette. Malgré une perception très solitaire et fataliste de l'arrêt, reposant sur la volonté seule, ils étaient très sensibles au soutien de leur entourage et à la mise à disposition d'outils d'accompagnement. Opportunité d'une campagne antitabac pendant la crise Covid-19 Si les fumeurs interrogés déclaraient être conscients du risque que pose le tabac sur le développement de formes graves de la Covid-19, la plupart étaient néanmoins hostiles à l'utilisation de ce levier dans des campagnes de prévention. Les fumeurs interrogés peinaient à considérer la crise sanitaire comme une bonne opportunité pour mettre un terme à leur consommation. Ils estimaient quasi-unanimement qu'il était utile et légitime de poursuivre les campagnes antitabac pendant cette période de crise.
Auteur : Jartoux Cécile, Guignard Romain, Quatremère Guillemette, Andler Raphaël, Pasquereau Anne, Nguyen Thanh Viêt
Année de publication
: 2022
Pages : 29 p.
Collection : Études et enquêtes