Introduction – L'objectif de cet article est de quantifier les événements thromboemboliques veineux survenus en France en 2022, ayant généré le motif principal d'une hospitalisation ou d'une prise en charge en unité médicale, de décrire leur prise en charge hospitalière ainsi que les actes traceurs. Cet état des lieux est décliné au niveau départemental et selon différents indicateurs sociodémographiques. Méthodes – Les patients âgés de 18 ans et plus hospitalisés pour une maladie veineuse thrombo-embolique (MVTE) en 2022 ont été repérés à partir des données médico-administratives, et les analyses ont été stratifiées sur le type : embolie pulmonaire (EP) et thrombose veineuse profonde (TVP). La prévalence de la MVTE au 1er janvier 2023 a été définie par le nombre de personnes vivantes à cette date avec un antécédent d'hospitalisation pour MVTE ou un antécédent d'affection longue durée pour cette pathologie (2012-2022). Les taux standardisés d'incidence et de prévalence pour 100 000 habitants ont été calculés en utilisant les données de population des statistiques nationales françaises. Les patients ont été suivis jusqu'à un an après l'hospitalisation pour MVTE afin de déterminer la survie (à six mois et à un an) et les taux de traitements médicamenteux, en particulier les anticoagulants. Résultats – La prévalence de la MVTE au sein de la population adulte résidant en France s'élevait à 896 846 cas au 1er janvier 2023. La MVTE a été retrouvée comme diagnostic principal de l'ensemble du séjour ou d'une unité médicale chez 62 055 patients hospitalisés en 2022. Si le taux standardisé sur l'âge de patients hospitalisés était globalement 23% plus élevé chez les hommes par rapport aux femmes, cet écart était maximal avec un facteur de presque deux dans la tranche d'âge 45-64 ans. D'importants écarts ont été retrouvés entre les départements, notamment en Martinique qui présentait le taux standardisé le plus élevé de France. D'une façon générale, la prévalence des événements de santé et des circonstances susceptibles d'avoir provoqué la MVTE était importante, avec près de 30% d'antécédents de cancers et 20% d'hospitalisations prolongée en MCO dans les 3 mois précédents. Le taux de mortalité à 1 an après l'événement aigu était d'environ 20%, aussi bien pour les EP que les TVP, malgré un taux de réhospitalisation pour MVTE inférieur à 5% pour ces pathologies. Conclusion – Comparativement aux données épidémiologiques sur la MVTE de 2010, le taux de patients hospitalisés pour une MVTE était en augmentation en France. La prévalence importante d'antécédents de cancers chez les patients hospitalisés pour MVTE explique en partie la mortalité élevée à un an.
Auteur : Gabet Amélie, Blacher Jacques, Tuppin Philippe, Lailler Grégory, Grave Clémence, Sanchez Olivier, Mahe Isabelle, Emmerich Joseph, Olié Valérie
Bulletin épidémiologique hebdomadaire, 2025, n°. HS, p. 69-80