La désinfection de l'eau destinée à la consommation humaine est l'une des principales avancées de santé publique du XXe siècle. Cependant, la réaction du chlore sur la matière organique soluble de l'eau engendre des sous-produits de chloration (SPC) indésirables. Les études montrent une association entre le risque de cancer de la vessie chez l'homme (KVH) et l'exposition aux SPC, estimée par la concentration des trihalométhanes (THM) dans l'eau produite. Une méta-analyse de 2011 propose une relation concentration-réponse (CRF). Notre étude a pour but d'estimer l'exposition actuelle et passée aux THM des personnes résidant en France, ainsi que les impacts sanitaires associés. L'exposition actuelle de la population française a été estimée à partir des analyses de THM du contrôle sanitaire (2005-2011). L'exposition aux THM entre 1960 et 2000 a été modélisée. L'exposition moyenne actuelle de la population française est estimée à 11,7 Œg.L-1 contre 17,3 Œg.L-1 dans le passé. La population alimentée par des eaux de surface est deux fois moins exposée que par le passé, mais reste deux fois plus exposée que la population alimentée par des eaux souterraines. Une grande disparité géographique de l'exposition est observée. Sous réserve de la validité de la CRF, 18 % des cas de KVH seraient attribuables aux SPC (1 600 [500 ; 2 700] cas par an). Si l'exposition ne change pas, elle serait de 16 % dans le futur. L'écrêtage des valeurs d'exposition les plus élevées aurait un effet négligeable sur l'impact de santé.
Auteur : Corso M, Galey C, Beaudeau P
Année de publication
: 2017
Pages : 44 p.