En raison de son utilisation depuis des siècles, le plomb est aujourd'hui un toxique industriel courant et un polluant présent dans l'environnement. Le plomb est ou a été utilisé dans une grande variété d'applications industrielles et certains produits ou objets d'usage courant (batteries, composants électroniques, alliages métalliques, matières plastiques, verrerie, céramiques, munitions, cosmétiques, peintures et encres, etc.). Le plomb est un toxique cumulatif sans rôle physiologique connu chez l'homme et dont la présence dans l'organisme témoigne toujours d'une exposition. L'existence d'effets sanitaires à de faibles niveaux d'imprégnation est connue et par ailleurs, le plomb est un toxique dont certains effets se produisent sans seuil. Des études épidémiologiques ont révélé des associations sans seuil entre les niveaux de plombémies et divers effets sur la santé (cardiovasculaires, rénaux, neurotoxiques, reprotoxiques, retard de croissance, prématurité, etc.). La population est exposée via l'alimentation, l'eau potable, les poussières intérieures et extérieures, le sol, l'air. Les usages du plomb sont régis par plusieurs directives européennes transposées en droit français. Malgré la réglementation de son utilisation, sa persistance dans l'environnement, sa présence ubiquitaire et sa toxicité avérée en font un composé qui reste à surveiller. En France, les données de niveaux d'imprégnation par le plomb en population générale existent mais nécessitent une actualisation. L'Étude nationale nutrition santé ENNS avait permis d'estimer les niveaux d'imprégnation en population générale adulte en 2006-2007 et l'étude Saturn-Inf réalisé en 2008-2009 avait permis de connaître la prévalence du saturnisme en France auprès des enfants âgés de 6 mois à 6 ans. Depuis, l'étude transversale Esteban (Étude de santé sur l'environnement, la biosurveillance, l'activité physique et la nutrition) a permis de mesurer les niveaux d'imprégnation par le plomb de la population française continentale âgée de 6 à 74 ans entre avril 2014 et mars 2016. Les taux de quantification étaient de 100% aussi bien chez les enfants que chez les adultes. Les moyennes géométriques en plombémie étaient, respectivement de 9,9 et 18,5 µg L-1 chez les enfants et les adultes. La recherche des déterminants de l'exposition a confirmé les facteurs d'exposition connus dans la littérature. Chez les enfants, la consommation d'eau du robinet, l'année de construction du logement et l'activité professionnelle des parents augmentaient les niveaux d'imprégnation par le plomb. Chez les adultes les facteurs d'exposition les plus importants retrouvés étaient la consommation de tabac, l'année de construction du logement, l'âge, le lieu d'habitation du participant, la consommation d'eau du robinet, de boissons alcoolisées, de pain et des produits de la panification et l'autoconsommation de produits de l'élevage. Malgré une diminution des niveaux de plombémie en France, des facteurs de risque d'exposition au plomb, de plus en plus étudiés, persistent en population générale. Les résultats de l'étude Esteban nous permettent de suivre l'évolution des niveaux d'imprégnation par le plomb de la population française et de mettre à jour la liste des déterminants de cette exposition en France en 2014-2016. Ces résultats pourraient aussi être utilisés pour objectiver les décisions de santé publique en vue de la poursuite des efforts de réduction des expositions.
Auteur : Oleko A, Fillol C, Balicco A, Bidondo ML, Gane J, Saoudi A, Zeghnoun A
Année de publication
: 2020
Pages : 53 p.
Collection : Études et enquêtes