La pollution atmosphérique constitue un enjeu de santé publique mondial Selon l’OMS, chaque année environ 7 millions de décès prématurés sont dus aux effets de la pollution de l’air, dont plus de 4 millions en lien avec l’air ambiant. Une revue exhaustive de la littérature des 15 dernières années a conduit l'Organisation mondiale de la santé (OMS) à publier de nouvelles lignes directrices pour la qualité de l‘air ambiant bien plus basses et plus exigeantes que celles publiées en 2005. Une conférence de presse est diffusée en direct sur les médias sociaux de l’OMS : Facebook ; Twitter ; YouTube ; Instagram.
Revue de littérature de l’OMS : ce qu’il faut retenir
- La pollution atmosphérique induit des effets aux niveaux respiratoire et cardiovasculaire pouvant conduire à un décès prématuré. Elle contribue également au développement de maladies telles que le diabète et les maladies neurodégénératives, et elle affecte la santé de l’enfant depuis son plus jeune âge. En 2013, la pollution de l’air extérieur a été classée cancérigène par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC).
- Les effets sur notre santé se produisent à tout niveau de pollution, comme le montre pour l’Europe le rapport ELAPSE.
- Certains polluants atmosphériques – en particulier le noir de carbone ou carbone suie (un composant des particules) et l’ozone troposphérique – contribuent au changement climatique. De ce fait, la réduction progressive de l’utilisation de combustibles fossiles et de biomasse ferait baisser les émissions de gaz à effet de serre ainsi que les concentrations des polluants qui ont une incidence sur la santé. L’OMS incite par conséquent à promouvoir une reprise économique durable suite à la levée progressive des restrictions consécutive à l’épidémie de Covid-19 en veillant à la fois à l'amélioration de la qualité de l'air et à l'atténuation du changement climatique.
Des seuils de référence plus exigeants pour réduire les effets de la pollution de l’air ambiant sur la santé
Les nouvelles lignes directrices de l’OMS proposent des seuils de référence1 ainsi que des objectifs intermédiaires2 pour les particules (PM2,5 et PM10), le dioxyde d’azote (NO2), l’ozone (O3), le dioxyde de soufre (SO2) et le monoxyde de carbone (CO). Elles donnent également des informations qualitatives sur les bonnes pratiques3 pour la gestion de certains types de particules pour lesquels on ne dispose pas d’assez de données quantitatives pour établir des seuils de référence.
Seuils de référence OMS recommandés en 2021 par rapport à ceux figurant dans les lignes directrices sur la qualité de l’air de 2005
Sources :
WHO 2006, Air quality guidelines: Global update 2005
WHO 2021 Air quality guidelines: Global update 2021.
Informations :
μg = microgramme
a 99ème percentile (3 à 4 jours de dépassement par an).
b Moyenne de la concentration moyenne journalière maximale d’O3 sur 8 heures au cours des six mois consécutifs où la concentration moyenne d’O3 a été la plus élevée.
Remarque : l’exposition annuelle et l’exposition pendant un pic saisonnier sont des expositions à long terme, tandis que l’exposition pendant 24 heures et 8 heures sont des expositions à court terme.
Trois questions à Sébastien Denys, Directeur santé environnement travail à Santé publique France
Quel est l’impact de la pollution de l’air ambiant sur la santé des populations ?
L’impact sur la santé des populations est considérable à l’échelle internationale mais aussi nationale. Je rappelle que l’'OMS estime que chaque année environ 7 millions de décès prématurés sont dus aux effets de la pollution de l’air, dont plus de 4 millions en lien avec l’air ambiant. En France, Santé publique France a récemment publié que l’exposition à la pollution de l’air ambiant par les particules fines (PM2,5) représente en moyenne pour les personnes âgées de 30 ans et plus une perte d’espérance de vie de près de 8 mois, et que chaque année près de 40 000 décès peuvent être attribués à cette exposition en France. Ces résultats soulignent l’enjeu majeur de santé publique autour de cette question et incite à poursuivre durablement les efforts de réduction sur toutes les sources de pollution.
En savoir plus :
- Bulletin épidémiologique hebdomadaire "Impact de la pollution de l'air ambiant sur la mortalité en France métropolitaine : réduction en lien avec le confinement du printemps 2020 et impact à long terme pour la période 2016-2019"
- Rapport synthèse "Impact de pollution de l'air ambiant sur la mortalité en France métropolitaine. Réduction en lien avec le confinement du printemps 2020 et nouvelles données sur le poids total pour la période 2016-2019"
- Infographie "Pollution de l'air ambiant : enjeu de santé publique actuel et enseignements du confinement du printemps 2020 lié à la Covid-19"
A quoi servent les lignes directrices pour l’air ambiant proposées par l’OMS en termes de santé publique ?
Bien que les lignes directrices sur la qualité de l’air de l’OMS ne soient pas juridiquement contraignantes, elles se définissent, et l’OMS insiste sur ce point, comme des valeurs cibles pour réduire le fardeau pour la santé lié à la pollution de l’air ambiant. L’objectif est d’atteindre ces nouveaux seuils plus bas et par conséquent plus exigeants, ce qui conduira à renforcer les politiques de réduction des niveaux des polluants dans l’air et permettra de diminuer la morbidité et la mortalité attribuables à l'exposition à la pollution dans le monde, et mieux protéger la santé de tous. Ainsi, la publication de ces nouveaux seuils devrait conduire les autorités à une révision des valeurs réglementaires. J’insiste sur le fait que le dépassement de ces nouveaux seuils pour la qualité de l’air est associé à des risques importants pour la santé.
Comment Santé publique France utilise les lignes directrices pour l’air ambiant proposées par l’OMS ?
Santé publique France coordonne depuis 25 ans un programme de surveillance Air et santé (le Psas) (consulter le dossier thématique) et a initié dans ce cadre une collaboration avec l’OMS. Dans ce cadre, nous avons développé la méthode d’évaluation quantitative d’impact sanitaire (EQIS) pour évaluer l’impact de la pollution atmosphérique sur la santé des Français. Les seuils de l’OMS sont utilisés dans ces évaluations comme valeurs cibles à atteindre. Ces méthodes permettent d'estimer les bénéfices pour la santé attendus d'actions visant à réduire les niveaux de pollution jusqu’aux seuils des lignes directrices de l’OMS. Notre but est, comme établi dans nos missions, d'appuyer les politiques publiques locales, nationales et européennes de gestion de la qualité de l'air.
1 Les seuils de référence sont des recommandations quantitatives fondées sur des éléments factuels et fondées sur l’examen systématique des données concernant les effets nocifs sur la santé (y compris une indication de la forme de la courbe de la concentration-réponse) pour les PM2,5 les PM10, le NO2, l’O3, le SO2 et le CO, pour les durées retenues pour le calcul des moyennes pertinentes.
2 Les cibles intermédiaires servent à orienter les démarches entreprises pour réduire la pollution atmosphérique en vue d’atteindre rapidement les seuils de référence.
3 Les informations relatives aux bonnes pratiques aident à gérer certains types de particules (noir de carbone/carbone élémentaire, particules ultrafines et particules provenant de tempêtes de sable et de poussière), lorsqu’il est impossible d’établir des seuils de référence en l’absence de preuves quantitatives claires sur les effets de chacun de ces polluants sur la santé