L’Enquête Nationale Périnatale 2021 (ENP 2021) est sous la responsabilité de l’équipe EPOPé de l’Inserm en collaboration avec Santé publique France, la Direction de la Recherche, des Etudes, de l’Evaluation et des Statistiques (DREES), la Direction Générale de la Santé (DGS) et la Direction Générale de l’Offre de Soins (DGOS).
L’Enquête Nationale Périnatale est une source de données essentielle pour la surveillance de la santé périnatale en France. Cette enquête qui interroge les femmes à la maternité et à 2 mois après la naissance sont complémentaires d’autres sources de données existantes en santé périnatale telles que les bases de données médico-administratives, les certificats de santé ou les données de registres. Les indicateurs produits à partir de l'ensemble de ces sources permettent d’obtenir la photographie globale de la santé périnatale en France, telle que présentée dans le rapport de surveillance de la santé périnatale (septembre 2022) de Santé publique France.
L’édition 2021 de l’ENP – la sixième depuis 1995 – a été conduite en mars 2021 auprès de 12 723 femmes (en Métropole) et permet de disposer de données fiables et actualisées pour surveiller la santé périnatale, de faire un état des lieux complet des pratiques médicales pendant la grossesse et l’accouchement, et d’orienter les politiques de santé publique.
Pour la première fois, l’enquête s’est enrichie d’un suivi des femmes deux mois après leur accouchement, avec un intérêt particulier porté à leur santé mentale.
A noter que l’enquête de terrain s’est déroulée au cours de la troisième vague de la pandémie de Covid-19, et ce contexte particulier doit être pris en compte pour l’interprétation de certaines évolutions décrites dans le rapport qui présente les principaux résultats de cette étude.
Principaux résultats de l’ENP 2021
Pendant la grossesse, plusieurs indicateurs témoignent d’une amélioration de la santé des femmes et des mesures de prévention :
- Le nombre de femmes qui consomment des substances toxiques pendant la grossesse diminue. Ainsi, la proportion des femmes déclarant une consommation de tabac au 3e trimestre est en diminution (12,2 % en 2021 versus 16,3 % en 2016), de même que celle des femmes déclarant consommer du cannabis durant la grossesse (1,1 % versus 2,1 %).
- De plus en plus de femmes se font vacciner contre la grippe pendant la grossesse : 30,4 % des femmes ont été vaccinées, soit une très forte augmentation comparativement à 2016, où cette dernière proportion ne s’élevait qu’à 7,4 %. La pandémie de Covid-19 a probablement eu un rôle accélérateur sur l’augmentation observée.
Cependant, des progrès restent à faire dans certains domaines :
- La prévention des anomalies de fermeture du tube neural par la prise d’acide folique est encore mise en place trop tardivement puisque moins d’un tiers des femmes débutent la supplémentation avant la grossesse, comme recommandé.
- Seules 16,0 % des femmes ont reçu des conseils pour limiter la transmission du cytomégalovirus (CMV).
Le post-partum, une période importante pour la prise en charge et la prévention :
- Suite à l’accouchement, les femmes sont nombreuses à avoir bénéficié de la visite à domicile d’une sage-femme (79,1 %).
- Quasiment toutes ont reçu des conseils sur le mode de couchage de leur enfant. En revanche, seulement la moitié des femmes ont reçu des conseils sur la manière de calmer les pleurs de leur enfant.
- Le taux d’allaitement à la maternité reste plutôt stable puisque 56,3 % des femmes allaitent exclusivement leur enfant à la maternité en 2021 contre 54,6 % en 2016. Le taux d’allaitement à 2 mois est plus bas : 34,4 % des femmes allaitent exclusivement leur enfant. Les premiers résultats de l’étude Epifane, adossée à l’ENP, seront publiés courant 2023 permettront d’apporter des informations complémentaires sur la durée de l’allaitement en France.
Des données inédites ont été obtenues concernant la santé mentale des des femmes durant la grossesse et après l’accouchement :
- La part des femmes ayant déclaré se sentir « bien » sur le plan psychologique durant la grossesse est en diminution (63,2 % en 2021 versus 67,7 % en 2016)
- Les données obtenues deux mois après l’accouchement révèlent que 16,7 % des femmes présentent une dépression du post-partum, évaluée à partir de l’échelle EPDS, sans qu’il ne soit possible de dire ici quel est le lien entre ce constat d’une santé mentale dégradée et le contexte pandémique.
Le suivi à deux mois, qui est une nouveauté de l’ENP 2021, permet ainsi de tirer de précieux enseignements sur le vécu des femmes dans les semaines qui suivent leur accouchement. Il permet d’envisager des pistes pour mieux les accompagner, au bénéfice de leur santé et de celle de leur enfant.
A lire aussi
Enquête nationale périnatale. Rapport 2021.
Quel rôle pour Santé publique France dans l’ENP ?
Santé publique France est partie prenante du projet ENP 2021 depuis sa conception et a piloté les indicateurs relatifs au suivi à 2 mois, l’extension du terrain d’enquête dans les DROMS (ENP-DROMconjointement avec les Agences régionales de Santé), l’appariement avec les données du Système National des Données de Santé (SNDS) et l’adossement de l’étude Epifane.
Le programme d’action de Santé publique France dans le champ de la santé périnatale et petite enfance
Dans le cadre de ses missions d’observation de l’état de santé de la population et de coordination de la surveillance épidémiologique, l’Agence est en charge d’assurer la coordination du dispositif de surveillance périnatale en France.
Le programme « Santé périnatale et petite enfance » de l’Agence est un programme transversal qui intègre la surveillance, la prévention et la promotion de la santé. Son approche est populationnelle selon une trajectoire de vie qui démarre dès les 1 000 premiers jours afin de réduire au plus tôt les inégalités sociales en santé. L’Agence se fonde sur l'état des connaissances scientifiques, la production d’indicateurs épidémiologiques et sur la définition des déterminants. Enfin, sont développés sur ces bases le repérage et le soutien au déploiement d’interventions précoces notamment vis-à-vis des publics vulnérables. Par exemple l’intervention PANJO qui se déploie actuellement en PMI a pour objectif de soutenir l’attachement parents-enfants.
L’information des futurs parents et parents de jeunes enfants et la sensibilisation aux enjeux et opportunités de la période dite des 1000 jours est un autre axe important. La campagne « Devenir parent, c’est aussi se poser des questions » est ainsi rediffusée depuis le 26 septembre. Elle a pour objectif de sensibiliser les parents et futurs parents sur cette période charnière et promouvoir les outils mis à disposition sur le site 1000-premiers-jours.fr, lancé en septembre 2021 qui fournit aux parents et futurs parents des informations fiables.
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