Santé publique France conduit, dans le cadre du 4e Plan national santé environnement (PNSE4), un programme sur la quantification du fardeau environnemental et professionnel de la maladie. Les travaux issus de ce programme visent à améliorer l’estimation et la mise à disposition des indicateurs sanitaires à l’échelle nationale et infranationale, et plus largement à estimer l’impact de l’environnement sur la santé. Pour cela, une étape préliminaire a été menée afin d’identifier les couples maladie-facteur de risque à étudier en priorité. Les premiers résultats de ce programme présentent la méthode de priorisation appliquée par Santé publique France et la liste des couples priorisés en vue de réaliser une première estimation du fardeau environnemental et professionnel de la maladie en France. Elle constitue le socle scientifique sur lequel s’appuiera l’Agence pour décliner et orienter ses futurs travaux sur cette thématique.
Comment est évalué le fardeau environnemental et professionnel et dans quels objectifs ?
L’estimation du fardeau environnemental et professionnel de la maladie vise à évaluer l’impact global de l’environnement (général et professionnel) sur la santé à partir d’un indicateur synthétique de santé combinant les données de mortalité aux données de morbidité : le DALY (Disability Adjusted Live Years ou Années de Vie Ajustées sur l’Incapacité en français). Cette approche permet, à partir d’une métrique unique, de comparer et de hiérarchiser les facteurs de risque environnementaux et professionnels selon leur impact sur la santé et constitue un véritable outil de priorisation, de surveillance et de plaidoyer en vue d’orienter les politiques publiques et les stratégies de prévention en santé-environnement et santé-travail.
Les travaux d’estimation du fardeau environnemental et professionnel de la maladie de Santé publique France s’inscrivent à la croisée de deux des six enjeux stratégiques du programme de travail de Santé publique France (Enjeu « Fardeau des maladies et de leurs déterminants, efficacité des interventions et retour sur investissement de la prévention » et Enjeu « Santé environnement, changement climatique et environnement de travail ») et contribuent à l’Action 19.2 du PNSE4.
Une méthode de priorisation pragmatique et opérationnelle
La méthode de priorisation mise en œuvre par Santé publique France repose sur une démarche rationnelle structurée en deux étapes successives et complémentaires. Chacune s’appuie sur l’analyse comparative des estimations nationales du fardeau les plus récentes et les plus complètes (en termes de maladies et facteurs de risque considérés) disponibles, à ce jour, pour la France et produites dans le cadre des deux programmes d’estimation du fardeau mondial de la maladie conduits par l’Institute for Health Metrics and Evaluation (IHME) (Global Burden of Disease – GBD) et l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) (Global Health Estimates – GHE).
La première étape consiste à prioriser les maladies et traumatismes les plus contributifs au fardeau total de la maladie en termes de charge de morbidité globale (mesurée par les DALY), de mortalité ou de morbidité. La seconde étape consiste à prioriser les facteurs de risque environnementaux ou professionnels contribuant le plus au fardeau des maladies ou traumatismes priorisés dans l’étape 1.
A l’issue de ces deux étapes, Santé publique France a ainsi pu établir une liste réduite de couples maladie-facteur de risque sur lesquels conduire en priorité une première estimation du fardeau environnemental et professionnel de la maladie en France.
Neuf couples maladie-facteur de risque priorisés
- Trois couples concernent les cancers de la trachée, des bronches et du poumon en lien avec :
- l’exposition professionnelle à l’amiante ;
- l’exposition à la pollution ambiante aux particules fines (PM2,5) ;
- l’exposition au radon résidentiel.
- Deux couples portent sur les cardiopathies ischémiques en lien avec :
- l’exposition à la pollution ambiante aux PM2,5 ;
- l’exposition aux basses températures.
- Deux couples s’intéressent aux accidents vasculaires cérébraux (AVC) en lien avec :
- l’exposition à la pollution ambiante aux PM2,5 ;
- l’exposition aux basses températures.
- Un couple porte sur les lombalgies en lien avec l’exposition à des facteurs de risque ergonomiques.
- Un couple s’intéresse aux chutes accidentelles en lien avec les accidents professionnels.
Les couples priorisés sont cohérents avec ceux documentés dans la littérature nationale et internationale. Ce travail a également permis de mettre en exergue les principales limites et incertitudes associées à chacune des deux sources de données utilisées. En effet, les programmes GBD et GHE offrent la possibilité de disposer d’estimations standardisées du fardeau à l’échelle mondiale en vue de réaliser des comparaisons internationales mais ne permettent pas de tenir compte des spécificités liées à chaque territoire.
Priorisation des couples maladie-facteur de risque pour l’estimation du fardeau environnemental et professionnel de la maladie en Franc...
En savoir plusQuelles sont les prochaines étapes du projet ?
La prochaine étape de ce projet visera à évaluer la faisabilité d’estimer le fardeau associé à l’un des neuf couples priorisés (AVC-PM2,5). Ce travail permettra ainsi d’identifier l’ensemble des prérequis méthodologiques nécessaires à l’estimation de l’impact global de l’environnement sur la santé en France.
Par ailleurs, Santé publique France poursuivra son implication dans le projet européen Best-Cost qui vise à définir des méthodologies standardisées permettant d’estimer le fardeau économique et sanitaire associés à des facteurs environnementaux.
Les enjeux de Santé publique France et le fardeau de la maladie
Le fardeau de la maladie (burden of disease, BoD) est une méthode scientifique visant à quantifier de manière systématique et comparative l'ampleur de la dégradation ou de la perte de la santé liée aux maladies, aux traumatismes et aux facteurs de risque par âge, sexe et zone géographique à un moment donné. Santé publique France s'engage dans la définition, le développement et la mise à disposition d'indicateurs fiables pour éclairer les politiques publiques en matière de santé. Dans le domaine de la santé environnementale, l’agence évalue et quantifie les expositions aux facteurs de risque environnementaux et professionnels alimentant les estimations sur le fardeau environnementaux et professionnel de la maladie. Dans le champ de la surveillance, l’agence entretient des liens étroits avec les principaux producteurs de données environnementales territoriaux et nationaux. Enfin, au niveau international, Santé publique France est impliqué dans le projet européen Best-Cost sur l’estimation du fardeau environnemental des pathologies chroniques et fait partie de la Cost-Action European Burden of Disease Network.