Infections à entérovirus : reprise de la circulation estivale des entérovirus en France

Santé publique France et le Centre national de référence des Entérovirus et Parechovirus publient leur bilan annuel sur les infections à entérovirus en France et appellent les professionnels à la vigilance face à la reprise de circulation de ces virus à des niveaux équivalents à ceux des années pré-Covid-19.

Mis à jour le 23 juillet 2024

Les entérovirus se diffusent partout dans le monde. Dans les zones tempérées telles que la France, on observe tous les ans, en été et à l’automne, une augmentation des infections à entérovirus dominées par des méningites bénignes en milieu hospitalier. Cette augmentation peut s’observer dès le mois de mai mais survient le plus souvent en été. Le pic estival est habituellement observé en juin/juillet et un second pic de moindre ampleur au cours de l’automne. Si la plupart des infections à entérovirus engendrent peu ou pas de symptômes, certaines infections peuvent s’accompagner d’atteintes sévères, en fonction de l’âge, du statut immunitaire (déficit de l’immunité humorale) ou du type d’entérovirus. 

Face au contexte épidémiologique actuel marqué par une recrudescence des infections à entérovirus, Santé publique France rappelle, à l’occasion du bilan publié aujourd’hui sur les données 2023-2024, la vigilance à apporter par les professionnels de santé et les règles d’hygiène essentielles pour limiter la transmission des virus.

Vers une reprise d’une circulation importante des entérovirus cet été

La faible circulation des entérovirus (EV) observée depuis 2020 en France, en lien avec les mesures de lutte contre la pandémie de COVID-19, s’est maintenue jusqu’en 2022 avec des niveaux d’infections à EV très en deçà des pics observés entre 2016 et 2019. Depuis 2022, on observe une reprise progressive de la circulation des entérovirus en France. Le nombre d’infections à EV a atteint 2 339 cas en 2023 avec une ampleur de l’épidémie estivale proche de celle des années pré-Covid 19 (2720 cas en moyenne entre 2016 et 2019). L’épidémie de méningite a été, quant à elle, d’une ampleur similaire à 2019 avec 1555 cas. 

En 2024, le nombre de cas d’infections à EV déclaré au Réseau de surveillance des entérovirus (RSE) au 19 juin 2024 reflète une recrudescence des infections à EV, observée dès le printemps (pic en semaine 17) avec un nombre de méningites plus important entre les semaines 12 et 20 (18 mars au 19 mai) par rapport à la même période en 2023 – 293 cas contre 178 cas). 

Le nombre de passages aux urgences et d’hospitalisations pour méningite virale rapportés par le réseau OSCOUR apparaît en augmentation depuis le printemps (en semaine S12) par rapport à la même période en 2023, pour atteindre toutefois, en semaine 24, un nombre de cas proche de celui observé en 2023. Ceci pourrait indiquer un pic estival attendu dans les prochaines semaines.
La vigilance reste donc de mise au cours de cet été 2024 devant toute recrudescence des cas d’infections à EV et de méningites virales, en particulier chez les très jeunes enfants.

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Infections à entérovirus en France. Bilan 2023 et bilan provisoire 2024.

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Quelles sont les recommandations à destination des professionnels de santé ?

Devant la dynamique de circulation actuelle des entérovirus et la possibilité d’une recrudescence des infections à entérovirus cet été, en particulier chez les jeunes enfants, Santé publique France et le CNR des entérovirus et parechovirus appellent les professionnels de santé à une vigilance particulière devant des tableaux cliniques sévères, en particulier neurologiques, ou chez la personne immunodéprimée et devant toute infection néonatale sévère pour lesquels une infection à EV doit être évoquée et recherchée.

Ils rappellent l’importance de réaliser des prélèvements adaptés à la recherche du génome des EV (LCQ, sang, échantillons nasopharyngés, selles) devant tout tableau clinique sévère. A ce titre, toute infection néonatale ou atteinte neurologique sévère associée à une infection à EV doit être signalée au CNR, et des prélèvements doivent être envoyés pour compléter les investigations virologiques (séquençage notamment).

Santé publique France rappelle que les infections symptomatiques à entérovirus sont fréquentes notamment chez les enfants ; elles sont le plus souvent bénignes mais peuvent conduire dans certains cas à des formes sévères neurologiques, respiratoires, cardiaques ou digestives. 

Le renforcement des règles d’hygiène familiale et/ou en collectivités (lavage des mains, désinfection des surfaces) est essentielle pour limiter la transmission de ces virus, notamment aux personnes immunodéprimés et femmes enceintes.

En cas d’infection à entérovirus, le traitement étant uniquement symptomatique, il est rappelé que tout traitement antibiotique est inutile.