Depuis 2022 et particulièrement en 2023, la situation internationale de la rougeole est marquée par une recrudescence des épidémies de rougeole dues à plusieurs années de baisse de la couverture vaccinale constatée après la pandémie de COVID-19. En février 2024, l’OMS s’inquiétait de la rapide propagation de la rougeole dans le monde avec plus de 306 000 cas déclarés l’an dernier soit +79% par rapport à 2022. Cette hausse a également touché l’Europe avec 2 361 cas déclarés en 2023 et une épidémie de grande ampleur encore en cours en Roumanie. En France, le bilan épidémiologique 2023 indique une hausse importante des cas d’un facteur 8 en 2023 par rapport à 2022 et met en lumière l’existence de poches d’individus encore réceptifs au virus, notamment parmi les adolescents et les jeunes adultes. En effet, dans la majorité des cas, des voyageurs de retour d’un séjour en zone endémique ont contracté la maladie, sont revenus contagieux en France et ont propagé le virus.
A l’aube de l’accueil en France de millions de visiteurs étrangers à l’occasion des Jeux olympiques et paralympiques 2024 et alors que des épidémies de rougeoles sévissent en Russie et en Europe de l’Est, le risque d’importation augmente. Ce contexte nécessite une vigilance renforcée des professionnels de santé concernant la détection précoce de la rougeole et des mesures de prévention adaptées.
L’importance du diagnostic et de la déclaration obligatoire des cas de rougeole
Depuis le début de la pandémie de COVID-19, Santé publique France a constaté une augmentation importante des délais de signalement des cas suspects de rougeole aux agences régionales de santé. Compte tenu de la contagiosité extrême du virus, il est demandé aux professionnels de santé de veiller au signalement précoce (dès la suspicion clinique) aux autorités sanitaires, en particulier dans le contexte épidémiologique actuel, afin de permettre la mise en œuvre de mesures de de prévention urgentes pour les sujets contacts (vérification du statut vaccinal et rattrapage des vaccinations des personnes non à jour) et limiter ainsi la propagation du virus sur le territoire national. La rougeole est une maladie à déclaration obligatoire et le signalement est essentiel pour mettre en place les mesures autour des cas et protéger en particulier les personnes-contacts à risque de formes graves (nourrissons de moins d’un an, femmes enceintes, personnes immunodéprimées) grâce à une prophylaxie post-exposition. Cette déclaration nous permet de suivre l’évolution des tendances et principales caractéristiques épidémiologiques de la rougeole.
En savoir plus :
Vaccination du nourrisson et rattrapage vaccinal : le seul moyen de se protéger
Le virus de la rougeole est parmi les plus contagieux. La France bénéficie d’une couverture vaccinale maintenue à un niveau élevé chez les nourrissons du fait de l’obligation vaccinale mise en place en 2018, qui est proche de l’objectif à atteindre pour éliminer la maladie (95% à deux doses) mais qui n’est pas encore atteint. Chez les adultes âgés de 18 à 35 ans, la couverture vaccinale est quant à elle estimée à 90,4% (baromètre 2021). Bien qu’élevée, elle reste en dessous de l’objectif fixé.
Tous les enfants, adolescents et jeunes adultes nés après 1980 doivent être vaccinés contre la rougeole. C’est une vaccination très efficace qui protège de la maladie dans plus de 95% des cas après 2 doses de vaccin :
- chez les nourrissons : première dose à 12 mois et seconde dose entre 16 et 18 mois ;
- chez les personnes nées à partir de 1980 et âgées d’au moins 12 mois quels que soient les antécédents vis-à-vis des trois maladies (rougeole, oreillons, rubéole - ROR) : deux doses en respectant un délai minimum d’un mois entre les deux doses.
Se faire vacciner contre la rougeole à quoi ça sert ?
- la vaccination par le vaccin ROR est la seule mesure de protection efficace, en l’absence de traitement contre la rougeole ;
- une couverture vaccinale élevée permet de protéger les personnes à risque de forme graves tels que les nourrissons de moins d’un an, les femmes enceintes et les personnes immunodéprimées qui ne peuvent bénéficier du vaccin vivant atténué.
A l’occasion d’une visite auprès d’un professionnel de santé, quel que soit le motif, toute consultation constitue une opportunité pour vérifier le statut vaccinal des personnes nées après 1980 et garantir qu’elles soient protégées.
Documents à télécharger
- STOP à l’épidémie de rougeole (affiche)
- Les rougeoles les plus graves ne sont pas toujours celles des tout-petits (tract)
- Rougeole : le risque persiste (repères pour votre pratique)
Quel est le niveau de circulation du virus de la rougeole en France ?
Entre le 1er janvier et le 31 décembre 2023, 117 cas de rougeole, dont 31 importés ont été déclarés à Santé publique France. Au total, 16 départements ont déclaré au moins un cas. Sept foyers épidémiques ont été observés dans le milieu scolaire, familial ainsi que dans des services hospitaliers. L’épisode de cas de rougeole le plus important était en Auvergne-Rhône-Alpes avec 64 cas de rougeole rapportés entre août et novembre 2023 et concernaient majoritairement des collégiens correctement vaccinés mais à un âge précoce.
Ces cas groupés dont la plupart sont d’origine importée sont le reflet de la situation épidémiologique internationale qui se dégrade, malgré la mise en œuvre du plan d’élimination mondiale 2021-2030, mais aussi d’un niveau de réceptivité au virus de certains groupes de population en France qui demeurent non vaccinés.