Grippes aviaire et porcine : l’évolution de la situation internationale sous surveillance renforcée

Les virus influenza circulent massivement au niveau international avec une augmentation des cas de transmission à l’être humain. Bien que le risque soit faible en France, Santé publique France accroît sa vigilance et renforce la surveillance.

Mis à jour le 10 février 2025
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L’épidémiologie des virus influenza aviaires et porcins nécessite une vigilance accrue à l’heure actuelle. Depuis 2021, le virus aviaire H5N1 circule intensément chez les oiseaux à l’échelle mondiale, y compris en France, et est responsable d’épidémies massives dans les élevages et parmi les oiseaux sauvages, avec un impact majeur sur la filière avicole. Une diversité inédite de mammifères sauvages sont touchés, y compris des animaux domestiques. Des cas humains sont régulièrement détectés au niveau international, on parle alors de grippe aviaire. Bien que la plupart soient bénins, des formes graves ont été observées chez plusieurs patients. En 2024, 80 cas humains ont été détectés, principalement aux États-Unis et en Asie, mais aucun cas n'a été signalé en France. Un cas a été détecté fin janvier 2025 en Angleterre.  

Les virus influenza porcins circulent également tout au long de l'année et sont capables d’infecter l’être humain. Bien que les cas humains soient généralement bénins, les échanges réguliers de virus grippaux entre le porc et l’homme augmentent le risque d’émergence d’un nouveau virus à potentiel pandémique, comme en 2009.

3 questions à Sibylle Bernard-Stoecklin, épidémiologiste à Santé publique France

Portrait de Sibylle Bernard-Stoecklin

Faut-il s’inquiéter de la situation internationale ?

A ce jour, aucun cas de grippe humaine liée à un virus influenza aviaire n’a été détecté en France. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et l’ECDC (Centre européen de prévention et de contrôle des maladies infectieuses) considèrent que le risque posé par les virus influenza aviaires à potentiel zoonotique qui circulent à l’heure actuelle est faible pour la population générale, et faible à modéré pour les personnes directement exposées à ces virus. Cependant, en raison de la capacité d’évolution génétique des virus influenza, il existe un risque d'émergence d'un virus pouvant se transmettre efficacement entre humains, ce qui pourrait provoquer une épidémie voire une pandémie. La forte circulation des virus A(H5N1) au niveau mondial, avec une situation particulièrement évolutive aux Etats-Unis depuis l’automne 2024, augmente le risque d’émergence d’un virus mieux adapté à l’être humain. 

Ainsi, la situation actuelle est suivie de près par les experts au niveau international et appelle à un renforcement des actions de prévention et de surveillance en raison des risques d'émergence d’un nouveau virus mieux adapté à l’être humain.

Quelles sont les actions mises en place pour surveiller l’évolution de la situation actuelle ?

Santé publique France est pleinement mobilisée, en lien avec ses partenaires nationaux et internationaux (ECDC, OMS), en termes de prévention de la transmission des virus zoonotiques (influenza aviaire et porcine) à l’être humain ainsi que dans la surveillance afin de mener des investigations virologiques et épidémiologiques si des cas surviennent sur le territoire. L’agence produit également une veille scientifique et une expertise auprès des pouvoirs publics sur la situation épidémiologique des virus influenza à potentiel zoonotique et l’analyse de risque que ces virus posent pour la santé humaine. Ces travaux sont menés en collaboration avec le Centre National de Référence Virus des infections respiratoires, les professionnels de santé, les acteurs de la santé animale, ainsi que la Mutualité sociale agricole (MSA), dans une approche "Une Seule Santé".

Plusieurs mesures ont été mises en place au cours des dernières années :

  1. Information et prévention : depuis 2023, un dépliant informe les personnes exposées (éleveurs, vétérinaires, chasseurs, soigneurs, etc.) sur les risques des virus influenza zoonotique, les mesures de prévention et la conduite à tenir en cas d’exposition à risque. Il sensibilise également les professionnels de santé et les informe des modalités de prise en charge des patients suspects d’infection grippale d’origine animale. Il rappelle la recommandation de vaccination contre la grippe saisonnière depuis 2022 pour les personnes exposées aux virus.
  2. Mise à jour du protocole de surveillance dite « passive » : en janvier 2025, le protocole de surveillance des cas de grippe zoonotique a été mis à jour pour tenir compte de l’évolution récente de l’épidémiologie des virus influenza animaux qui posent un risque pour la santé humaine. 
  3. Mise en place d’un protocole de surveillance renforcée dite « active » : depuis fin 2023, un protocole de surveillance active de la grippe aviaire (SAGA), a été lancé dans les quatre régions les plus touchées par l’influenza aviaire hautement pathogène (Bretagne, Nouvelle-Aquitaine, Occitanie et Pays de la Loire). Ce dispositif, testé au cours de la saison 2023-2024, a été reconduit cet hiver dans les mêmes régions. Des travaux sont en cours avec l’ensemble de nos partenaires afin de l’optimiser et à terme, l’ét étendre à l’ensemble du territoire national.

Que faire en cas d’exposition à risque ? Comment s’en protéger ?

Il est fortement déconseillé de toucher ou ramasser des oiseaux ou mammifères sauvages malades ou morts. En cas d’exposition à des animaux infectés ou à un environnement contaminé par un virus influenza aviaire, il est essentiel de se protéger en portant des équipements de protection individuelle adaptés et en appliquant les gestes barrières :

  • porter de vêtements de protection, 
  • porter un masque de protection respiratoire (FFP2 de préférence), des lunettes ou une visière, des gants étanches,
  • se laver les mains après chaque contact avec des animaux ou des surfaces contaminées, même en cas de port de gants de protection.

En cas d’exposition à risque, il est recommandé de surveiller son état de santé pendant 10 jours. Si des symptômes apparaissent (fatigue, fièvre, courbatures, toux, difficultés respiratoires, etc.), il convient de :

  • limiter les contacts avec les membres de son entourage,
  • porter un masque chirurgical en présence d’autres personnes,
  • respecter les gestes barrières,
  • consulter immédiatement un médecin, qui prescrira un test pour identifier un virus grippal de type A et écarter une infection par un virus humain.
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Les bons réflexes face aux grippes aviaire et porcine

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Si une infection par un virus influenza d’origine animale est suspectée, le médecin doit informer l’ARS, qui, en collaboration avec Santé publique France, mènera des investigations pour confirmer ou exclure l’infection, identifier la source de contamination et évaluer les risques de propagation parmi les autres personnes exposées et qui ont été en contact avec le patient. Les caractéristiques des cas confirmés sont transmises à l’OMS dans le cadre de la surveillance internationale des grippes zoonotiques, conformément au Règlement Sanitaire International.

Pour plus de détails et d’informations, consulter la conduite à tenir en cas de suspicion de grippe d’origine aviaire ou porcine de Santé publique France.