Dépistage des hépatites virales et du VIH dans les structures médico-sociales d’addictologie (CSAPA et Caarud), France, 2018-2023

Publié le 24 septembre 2024
Mis à jour le 23 septembre 2024

Introduction – L'élimination des hépatites virales et l'arrêt de la transmission du VIH sont des objectifs clés des stratégies de santé mondiale et nationale. Le dépôt de gouttes de sang sur buvard après ponction digitale a montré un intérêt clinique pour augmenter le diagnostic des maladies infectieuses, en particulier vis-à-vis de certaines populations vulnérables. Matériel et méthodes – L'activité de dépistage des hépatites virales (B, D et C) et du VIH a été évaluée dans 26 structures médico-sociales (centres de soins, d'accompagnement et de prévention en addictologie – CSAPA –, centres d'accueil et d'accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogues – Caarud) sur une période de 6 ans (2018-2023), et ce à partir de sang déposé sur buvard (DBS). Les variables démographiques (âge, sexe), épidémiologique (facteurs de risque), clinique (score de fibrose) et thérapeutiques (initiation de traitement, taux de guérison virologique) ont été recueillies. Résultats – Au total, 588 sujets, majoritairement des hommes (81,0%) âgés en moyenne de 44,4 (écart-type, ET=9,7) ans ont été dépistés pour un ou plusieurs virus. Trois cent vingt-trois (54,9%) ont rapporté un ou plusieurs facteurs de risque (usage de drogues, rapports sexuels non protégés). Plus d'un tiers des individus (33,5%) évalués avaient une fibrose significative (≥F2) dont 11,2% avaient une cirrhose. Le taux de positivité du VHC (infection active), VHB et VIH était respectivement de 16,3%, 1,8% et 1,3%. Un seul porteur chronique de l'antigène HBs (AgHBs) était infecté par le VHD. Parmi les 96 patients nouvellement diagnostiqués pour le VHC, 80 patients ont reçu un traitement par antiviraux à action directe (AAD). La proportion de patients ayant une guérison virologique était de 90,0%. Pour les patients nouvellement dépistés pour le VHB (n=4) ou le VIH (n=2), 4 ont débuté un traitement anti(rétro)viral. Conclusion – Le dépistage des virus d'hépatites et du VIH à partir de spot de sang séché dans les structures médico-sociales d'addictologie est faisable et facilement implantable sans renforcement de personnels. Les taux de positivité pour le VHC (infection active), VHB et le VIH étaient largement supérieurs aux prévalences observées dans la population générale. La plupart des cas nouvellement diagnostiqués ont pu bénéficier d'une prise en charge thérapeutique.

Auteur : Chevaliez Stéphane, Garrigou Olivia, Ortonne Valérie, Carmona Damien, Bourdel Anne, Canva Valérie, Vantighem Stéphanie, Volant Johann, Trabut Jean-Baptiste, Vosgien Véronique, Djomboué Patrick, Guena Céline, Lenormand Nicolas, Jehanne Céline, Belalbre Pierre, Roudot-Thoraval Françoise
Bulletin épidémiologique hebdomadaire, 2024, n°. 16-17, p. 337-343