Contexte : En France, une première enquête de prévalence de l'infection due au virus de l'hépatite C (VHC) a été réalisée en 1994. Concernant le virus de l'hépatite B (VHB), des études de prévalence des marqueurs de cette infection ont été réalisées au début des années 90, mais dans différentes populations. Afin d'obtenir des estimations nationales de la prévalence de l'infection à VHB ainsi qu'une actualisation des estimations pour l'infection à VHC, une nouvelle enquête a été conduite en 2004 en population de France métropolitaine. Méthodes : Un plan de sondage à 2 degrés a été choisi. Le 1er degré a comporté une stratification régionale du territoire et a permis de sélectionner des Centres d'examens de santé (CES) par une technique de sondage à probabilités inégales. Le 2ème degré a permis de sélectionner des assurés sociaux âgés de 18 à 80 ans avec une stratification selon l'âge et la précarité. Les assurés ont été reçus en CES et après consentement, ont répondu à un questionnaire portant sur des données démographiques, professionnelles, comportementales et antécédents d'exposition possible au VHC ou au VHB. Les sérums ont été testés pour la recherche d'anticorps anti-VHC, d'ARN VHC, d'anticorps anti-HBc et d'antigène HBs. Les données ont été analysées avec le logiciel SUDAAN®. Les résultats obtenus (prise en compte du plan de sondage et redressement) sont des estimations qui concernent la population de France métropolitaine âgée de 18 à 80 ans. Résultats : La prévalence globale des anticorps anti-VHC était de 0,84% (IC95% : 0,65-1,10), ce qui correspondait à 367 055 personnes (IC95% : 269 361-464 750) trouvées séropositives. Parmi les personnes ayant des anticorps anti-VHC positifs, 57% (IC95% : 43-71) connaissaient leur séropositivité. Parmi les personnes anti-VHC positives, 65% (IC95% : 50-78) étaient positives pour l'ARN du VHC, indiquant que 221 386 personnes (IC95% : 158 909-283 862) avaient une hépatite C chronique. En analyse multivariée, les facteurs qui ont été trouvés significativement associés à la présence des anticorps anti-VHC étaient les suivants : l'usage de drogues par voie intraveineuse, par voie nasale, une transfusion de sang réalisée avant 1992, le tatouage, l'âge supérieur à 29 ans, la précarité et un continent de naissance où la prévalence des anticorps anti-VHC est supérieure à 2,5%. La prévalence de l'antigène HBs était de 0,65% (IC95% : 0,45-0,93), ce qui correspondait à 280 821 personnes (IC95% : 179 730-381 913) porteurs chroniques de l'antigène HBs. Parmi ces personnes, 45% (IC95% : 23-69) se savaient positives vis-à-vis de l'antigène HBs. La prévalence des anticorps anti-HBc était de 7,3% (IC95% : 6,5-8,2), indiquant que 3,1 millions de personnes (IC95% : 2,8-3,5) avaient eu un contact antérieur avec le VHB. Les facteurs trouvés significativement associés à la positivité des anticorps anti-HBc étaient : l'usage de drogues par voie intraveineuse, l'homosexualité, la précarité, un niveau d'éducation inférieur au baccalauréat, un séjour d'au moins trois mois en institutions, un pays de naissance où la prévalence de l'antigène HBs est supérieure à 2%, un lieu de résidence situé dans le quart Nord-Est, Sud-Est ou l'Ile-de-France, le fait d'être un homme et d'être âgé de plus de 29 ans. Conclusions : En 2004, la prévalence des anticorps anti-VHC est du même ordre que les estimations de 1994 qui étaient de 1,05% (IC95% : 0,75-1,34). Par contre, la prévalence du portage de l'antigène HBs est supérieure aux résultats antérieurs qui, selon les études, variaient entre 0,2 et 0,4%. Cette nouvelle enquête de prévalence met en évidence que le dépistage de ces deux infections doit être renforcé et ciblé sur les populations les plus à risque. (R.A.)
Auteur : Meffre C
Année de publication
: 2006
Pages : 176 p.