Sous l'égide du Réseau d'Alerte, d'Investigation et de Surveillance des infections nosocomiales (Raisin) et avec le Groupe d'Etude sur le Risque d'Exposition des Soignants aux agents infectieux (Geres), les méthodes de surveillance des accidents exposant au sang (AES) font l'objet d'un consensus et d'un réseau national depuis 2002. Chaque établissement documentait de manière volontaire, anonyme et standardisée tout AES chez un membre du personnel (étudiant ou stagiaire inclus) déclaré au médecin du travail du 1er janvier au 31 décembre 2003. Les données étaient recueillies sur une fiche adaptée du Geres documentant les circonstances de l'AES (nature, mécanisme, matériel en cause), son suivi (soins immédiats, suivi et prophylaxie éventuelle) et le statut infectieux du patient source. L'incidence des AES était rapportée au nombre de lits d'hospitalisation. En 2003, 6 316 accidents d'exposition au sang étaient recensés dans 228 établissements. L'incidence des AES trouvée pour 100 lits d'hospitalisation est de 7.5 (6.9 en 2002). Sur la base des 471 521 lits d'hospitalisation recensés en France (données SAE 2001) cela permet d'estimer à 35 364 (32 423 en 2002) (IC à 95% : 35 034 ¿ 35 741) le nombre d'AES qui auraient été déclarés en 2003 aux Médecins du travail des établissements de santé Français. Même si les données d'incidence porte sur une cohorte d'établissements un peu plus large qu'en 2002 la fréquence des AES paraît relativement similaire. Les résultats de 2003 montrent une tendance à l'amélioration de la connaissance du statut du patient source avec 16.9% de sérologies inconnues pour le VIH contre 20.3% en 2002 et 20.6% de sérologies inconnues pour le VHC contre 25.6% en 2002. Si ces taux restent encore trop élevés, on peut y voir l'amorce de l'impact des actions de sensibilisation menées à ce sujet. L'injection est le geste le plus fréquemment en cause et représente 19.2 % des AES, et dans 84.4% (80% en 2002) des cas, il s'agit d'une injection sous-cutanée. Si on aborde le sujet via le matériel en cause, on retrouve 547 aiguilles sous-cutanées (10% des AES avec au moins un matériel en cause précisé) auxquelles doivent s'ajouter 474 stylos à insuline (8.7%) et 256 seringues pré-remplies d'héparine (4.7%) (3.9% en 2002). Avec un taux d'AES pour 100 00 gestes de 41,5, les soins sur chambres à cathéter implanté reste une problématique. Si l'évolution de la qualité des matériaux a réduit l'effet rebond à la sortie des aiguilles, la sécurisation de ces gestes doit constituer une priorité. La mise en commun des données 2003 de surveillance des AES issues des différents réseaux français souligne à nouveau l'importance du phénomène et de sa prévention. Elle incite à poursuivre certaines actions initiées sur la base du rapport 2002 et ouvrent de nouvelles pistes de réflexion. (R.A.)
Auteur : Parneix P, Reyreaud E, Sousa E
Année de publication
: 2005
Pages : 58 p.