En 2001, les autorités sanitaires ont rendu obligatoire le signalement des infections nosocomiales (IN) rares ou graves, afin de les détecter précocement et de favoriser leur contrôle. Nous décrivons les événements détectés par ce système d'août 2001 à décembre 2005. Ce sont des cas d'IN isolés ou groupés, signalés par les établissements de santé (ES) aux Centres de coordination de la lutte contre les infections nosocomiales , à la Direction départementale des affaires sanitaires et sociales et à l'Institut de veille sanitaire s'ils répondent à certains critères en lien avec le micro-organisme (virulence ou résistance), le site infectieux, la gravité de l'infection ou son mode de transmission. De 2001 à 2005, 3 110 signalements totalisant 9 322 infections ont été reçus de 787 ES ; 755 (24 %) correspondaient à des cas groupés. L'augmentation du nombre de signalements a été constante de 2001 à 2005, mais les taux de signalement variaient selon le type d'ES et la région. Les micro-organismes les plus fréquemment signalés étaient Staphylococcus aureus (16 % des signalements), les entérobactéries (12 %), Acinetobacter baumannii (10 %) et Pseudomonas aeruginosa (7,5 %). Le signalement a permis d'identifier des IN récurrentes (hépatites C, aspergilloses, infections invasives à streptocoques du groupe A, endophtalmies ou méningites iatrogènes). Il a aussi permis de détecter des infections rares (Enterobacter sakazakii) ou émergentes (bactéries multi-résistantes telles que les entérocoques résistants à la vancomycine, certaines souches de Acinetobacter baumannii ou de Klebsiella pneumoniae). Du fait de leur impact international potentiel, trois événements ont été signalés aux états membres de l'Union européenne. Le signalement des IN a favorisé en France l'investigation et le contrôle des IN. En identifiant certaines pratiques à risque, il a permis de renforcer les recommandations de prévention. La capacité du système à détecter et contrôler rapidement des épidémies dépend de l'adhésion des professionnels de santé et de la réactivité des structures de coordination et d'expertise. (R.A.)
Auteur : Coignard B, Poujol I, Carbonne A, Bernet C, Senechal H, Dumartin C, Raclot I, Lepoutre A, Thiolet JM, Bouraoui L, Desenclos JC
Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire, 2006, n°. 51-52, p. 406-10