Inscrite dans le programme national d'actions de prévention des infections associées aux soins (Propias) 2015, cette première enquête nationale de prévalence des infections associées aux soins (IAS) et des traitements antibiotiques (ATB) en Ehpad a été mise en oeuvre par le réseau CClin-Arlin dans le cadre du Réseau national d'alerte d'investigation et de surveillance des infections (Raisin) en partenariat avec Santé publique France. Les objectifs sont de : 1) décrire et mesurer la prévalence, un jour donné, des IAS et des traitements ATB prescrits aux résidents ; 2) mobiliser l'ensemble des professionnels et prescripteurs en Ehpad ; 3) dégager des priorités d'actions et de suivi en matière de politique de prévention et de bon usage des antibiotiques. Elle a été proposée à un échantillon aléatoire stratifié de 719 Ehpad tirés au sort à partir de la base Finess (n=7 387 Ehpad). Le recueil par questionnaire concernait la structure et l'organisation des Ehpad, les résidents, l'exposition aux procédures invasives, les IAS et les traitements ATB un jour donné entre le 16 mai et 30 juin 2016. Les données de 367 Ehpad (participation 51%) incluant 28 277 résidents (sex-ratio = 0,36 ; 63,4% >85 ans) ont été analysées. L'exposition aux procédures invasives est faible : cathéter (3,3%) enmajorité sous-cutané ; sondage urinaire (1,7%) ; intervention chirurgicale < 30 jours (0,9%). La prévalence nationale de résidents infectés est estimée à 2,93% IC95% [2,57-3,29] et celle derésidents traités par des ATB est estimée à 2,76% [2,46-3,07]. La prévalence des IAS est de 3,04% [2,65-3,42] avec une majorité d'infections urinaires (URI) (36,9%), d'infections respiratoires basses (24,0%) et d'infections de la peau et des tissus mous (20,4%). Parmi les URI confirmées par ECBU (68,8%), E. coli, P. mirabilis et K. pneumoniae sont les germes les plus fréquents. Concernant les traitements ATB, la voie orale est majoritaire (85,1%). Les traitements prophylactiques sont fréquents (13,7%) surtout à visée urinaire. La durée des traitements curatifs, au jour de l'enquête, dépasse 7 jours dans 34,4% des cas et la réévaluation systématique dans les 3 jours n'est réalisée que dans 31,4% des cas. Cette première enquête de prévalence a permis de fournir des données nationales de référence et se révèle utile pour dégager des pistes d'amélioration. La prévalence des résidents infectés est faible en comparaison des précédentes enquêtes françaises (HALT) ou étrangères. La répétition de cette enquête nationale tous les 5 ans permettra un suivi dans le temps de ces indicateurs.
Auteur : Savey A, Machut A, Barreto C
Année de publication
: 2017
Pages : 67 p.