La surveillance de la consommation des antibiotiques (ATB) et de la résistance bactérienne aux antibiotiques en établissement de santé (ES), confiée à la mission Spares depuis 2018, contribue à la politique nationale de maîtrise de l'antibiorésistance en promouvant le bon usage des ATB et la prévention de la transmission croisée. Ses objectifs sont de permettre à chaque ES de décrire et d'analyser ses consommations et ses résistances bactériennes, au niveau de chaque service, par rapport à un ensemble comparable d'ES ainsi que la production d'indicateurs à l'échelle régionale et nationale. Les consommations d'ATB à visée systémique de la classe J01 de la classification Anatomical Therapeutic Chemical (ATC), de la rifampicine, des imidazolés per os et de la fidaxomicine, dispensés en hospitalisation complète, ont été exprimées en nombre de doses définies journalières (DDJ) et rapportées à l'activité selon les recommandations nationales et de l'Organisation mondiale de la santé (système ATC-DDD, 2022). Les taux de résistance ont été exprimés en prenant en compte les souches " résistantes " et les souches " intermédiaires ". Les 1 573 ES participants à la surveillance de la consommation des antibiotiques représentaient 78% des journées d'hospitalisation en France en 2022 et avaient consommé 296 DDJ/1 000 journées d'hospitalisation (JH). Les ATB les plus utilisés étaient l'association amoxicilline-acide clavulanique (23%), l'amoxicilline (13%) et la ceftriaxone (6%). La consommation d'ATB variait de 38 DDJ/1 000 JH dans les hôpitaux psychiatriques à 542 dans les centres de lutte contre le cancer. Des variations étaient observées selon les secteurs d'activité, de 40 DDJ/1 000 JH en psychiatrie à 1 293 en maladies infectieuses. Sur l'ensemble des ES ayant participé au moins une fois entre 2012 et 2022, la consommation d'ATB globale a été réduite (-4,1%), mais elle a progressé entre 2019 et 2022 (+3,9%). La consommation des fluoroquinolones notamment a régulièrement baissé. Celle des glycopeptides s'est réduite depuis 2015, au profit des nouveaux ATB à visée anti-staphylocoque résistant à la méticilline. Sur la période, la consommation de -lactamines à large spectre (carbapénèmes, céphalosporines de 3e et 4e génération, association pipéracilline-tazobactam) a progressé. Les 942 ES participants à la surveillance de la résistance bactérienne aux antibiotiques représentaient 51% SAE (Statistique annuelle des établissements de santé) des journées d'hospitalisation en France en 2022. Parmi les Enterobacterales, 7,5% produisaient une ß-lactamase à spectre étendu (EBLSE) avec des variations importantes selon le secteur d'activité clinique (de 3,7% en gynécologie-obstétrique à 15,4% en soins de longue durée). La majorité (63%) des 27 693 souches d'EBLSE étaient isolées de prélèvements urinaires. Parmi les souches de Staphylococcus aureus, le pourcentage de résistance à la méticilline était de 12,0%. Plus de 40% des 7 454 souches de SARM étaient isolées chez des patients hospitalisés en service de médecine. Des données sur les infections à bactéries hautement résistantes émergentes ont été recueillies. Les Enterobacterales productrices de carbapénémases (EPC) étaient le plus souvent retrouvées dans les prélèvements urinaires (44,4%), et l'espèce la plus représentée était Klebsiella pneumoniae (33,2% des 1297 souches d'EPC). Les souches d'Enterococcus faecium résistants à la vancomycine étaient également le plus souvent isolées de prélèvements urinaires (56,3% des 96 souches). La surveillance en réseau permet à chaque établissement de santé d'analyser sa situation, de se comparer, et de dégager des tendances et des axes d'amélioration. La maîtrise de l'antibiorésistance passe par la connaissance et l'analyse des consommations d'antibiotiques et des données de résistance bactérienne. Ces données doivent être complétées par le suivi d'indicateurs de pertinence des prescriptions ainsi que par l'évaluation des pratiques de la prévention de la transmission croisée.
Année de publication
: 2024
Pages : 98 p.
Collection : Données de surveillance