Introduction - Les personnes trans sont très vulnérables vis-à-vis de l'infection à VIH et des autres IST du fait de facteurs comportementaux, économiques ou sociaux. Ce travail a pour objectif de décrire les diagnostics d'infection à VIH dans cette population. Matériels-méthodes - Les données sont issues de la déclaration obligatoire de l'infection à VIH. L'analyse a porté sur les diagnostics d'infection à VIH chez les personnes trans entre 2012 et 2020. Deux catégories ont été décrites : les découvertes de séropositivité (personnes ignorant leur séropositivité avant le diagnostic) et les premiers diagnostics en France de personnes déjà diagnostiquées dans un autre pays. Résultats - De 2012 à 2020, 253 personnes trans découvrant leur séropositivité ont été déclarées, soit 0,7% des découvertes sur cette période. Après correction pour prendre en compte la sous-déclaration et les données manquantes, ce nombre est estimé à 418 (IC95%: [367-469]). La plupart de ces personnes étaient des femmes trans (87%), dont l'âge médian était de 31 ans (38,5 pour les hommes). Les femmes trans étaient plus souvent nées à l'étranger (83%, principalement en Amérique du Sud) que les hommes trans (52%). Le mode de contamination probable était principalement sexuel (98%). Le motif le plus fréquent de réalisation de la sérologie était une exposition récente au VIH (33%) et 15% des diagnostics étaient réalisés suite à un test rapide d'orientation diagnostique (Trod) positif. Une personne trans sur cinq était diagnostiquée au stade avancé de l'infection (sida ou <200 CD4), et 37% des personnes trans étaient co-infectées par une autre IST. Entre 2012 et 2020, 115 personnes trans, connaissant leur séropositivité et diagnostiquées en France l'année de leur arrivée sur le territoire, ont été déclarées, soit 6% des personnes diagnostiquées dans ces conditions. Ces diagnostics concernaient quasi exclusivement des femmes (99%). Après correction, leur nombre est estimé à 169 (IC95%: [137-201]) personnes. Discussion-conclusion - Les personnes trans découvrant leur séropositivité sont très majoritairement nées à l'étranger et contaminées par voie sexuelle. Elles sont fréquemment co-infectées par une IST bactérienne, soulignant leur niveau élevé d'exposition sexuelle et plaidant pour un renforcement de la prévention diversifiée dans cette population, notamment par la PrEP. Le diagnostic à un stade avancé de l'infection est plus fréquent chez les personnes trans nées à l'étranger diagnostiquées plusieurs années après leur arrivée, ce qui souligne la nécessité de poursuivre les incitations au dépistage à distance de la migration. De même que les découvertes de séropositivité, les premiers diagnostics en France de personnes déjà diagnostiquées dans un autre pays représentent un enjeu important en matière de mise en place d'une prise en charge médicale, qu'il s'agisse d'une initiation ou d'une poursuite de traitement antirétroviral.
Auteur : Cazein Françoise, Bruyand Mathias, Pillonel Josiane, Stefic Karl, Sommen Cécile, Lydié Nathalie, Lot Florence
Bulletin épidémiologique hebdomadaire, 2021, n°. 20-21, p. 395-400