VIH/sida : données
Activité de dépistage : poursuite de l’augmentation en 2023
Activité de dépistage dans les laboratoires : environ 7,5 millions de tests VIH en 2023
En 2023, 7,5 millions [IC95% : 7,48-7,54], de sérologies VIH ont été réalisées par les laboratoires de biologie médicale (laboratoires de ville et hospitaliers), soit 110 sérologies réalisées pour 1000 habitants. Ce nombre a augmenté de 25% par rapport à 2021 (6,0 millions), et de +16% par rapport à 2022 (6,5 millions).
Cette augmentation de l’activité de dépistage en 2023 s’est accompagnée d’une augmentation, bien que moins rapide, du nombre de sérologies confirmées positives : +14% par rapport à 2021, +8% par rapport à 2022. Le taux de positivité des sérologies VIH était de 1,5 pour 1000 sérologies réalisées en 2023, taux en diminution depuis plusieurs années.
Données de remboursement de l’Assurance maladie
Des données de dépistage sont disponibles pour l’année 2023, à partir des données de l’Assurance maladie, sur la base d’extractions du SNDS réalisées par Santé publique France en septembre 2024. Le périmètre est moins large que celui de LaboVIH puisque ces données quantifient les tests remboursés (hors hospitalisations dans le secteur public et hors tests gratuits comme les tests en CEGIDD).
Ces données montrent, que 6,0 millions de sérologies VIH ont été remboursées en 2023, pour 5,2 millions de personnes ayant réalisé au moins un test dans l’année. La majorité de ces bénéficiaires étaient des femmes (61%). La majorité (56%) des bénéficiaires étaient âgés de 25 à 49 ans, mais 26% avaient 50 ans et plus. L’augmentation du nombre de ces sérologies remboursées est un peu plus marquée (+31% entre 2021 et 2023) que celle des données de LaboVIH (+25%). Le nombre de bénéficiaires de 50 ans et plus a augmenté plus vite (+56% entre 2021 et 2023) que celui des 25-49 ans (+20%).
VIH-test
Le dispositif VIH-test, généralisé en France depuis janvier 2022, permet aux assurés sociaux majeurs de réaliser une sérologie positive en laboratoire, sans prescription médicale et sans avance de frais. En 2023, environ 841 000 sérologies VIH ont été réalisées et remboursées par l’Assurance Maladie dans ce cadre. Ces tests ont été réalisés à 46% chez des hommes et 54% chez des femmes. Près de 44% concernaient des personnes âgées de 25 à 49 ans, et 44% des personnes de 50 ans et plus.
TROD communautaires
L’offre diversifiée de dépistage s’appuie également sur les tests rapides d’orientation diagnostique (TROD) réalisés par les associations en milieu communautaire. En 2023, environ 51 000 TROD VIH ont ainsi été réalisés, dont 0,75% se sont avérés positifs.
Ventes d’autotests VIH
Le nombre d’autotests VIH vendus en pharmacie au cours de l’année 2023, sans possibilité de connaître la population y ayant recours, est d’environ 53 800 (-16 % par rapport à 2021).
Diagnostics d’infection à VIH et de sida : augmentation suite à la baisse observée en 2020
Les données sur les découvertes de séropositivité́ VIH sont issues de la déclaration obligatoire de l’infection à VIH. Elles sont corrigées pour tenir compte de la sous-déclaration, des délais de déclaration et des variables incomplètes. L’exhaustivité rapportée au nombre de personnes diagnostiquées en 2023 était de 70% globalement, 40% en ville et 79% à l’hôpital, en augmentation par rapport à 2021 et 2022.
Près de 5 500 personnes ont découvert leur séropositivité VIH en 2023
Le nombre de découvertes de séropositivité VIH en 2023 est estimé à près de 5 500 [IC95% : 5 343-5 603]. L’augmentation observée sur les années récentes fait suite à la diminution importante en 2020 liée à l’épidémie de Covid-19 et expliquée par la baisse de l’activité de dépistage, des flux migratoires et sans doute également des expositions au VIH liée aux mesures de distanciation sociale.
Découvertes de séropositivité VIH par population
Les hommes cis représentaient 66% des découvertes de séropositivité VIH en 2023, les femmes cis 32% et les personnes trans 2%. Les personnes ayant découvert leur séropositivité VIH en 2023 avaient un âge médian de 36 ans. Les principaux modes de contamination des personnes ayant découvert leur séropositivité en 2023 étaient les rapports hétérosexuels (55%) et les rapports sexuels entre hommes (40%).
Plus de la moitié des découvertes en 2023 (57%) concernaient des personnes nées à l’étranger. Parmi elles, on estime que 42% ont été contaminées par le VIH après leur arrivée en France.
L’évolution du nombre de découvertes de séropositivité diffère selon les populations. Entre 2021 et 2023, l’augmentation est particulièrement importante chez les HSH nés à l’étranger (+36%) et les femmes hétérosexuelles nées à l’étranger (+33%). Chez les hommes hétérosexuels nés à l’étranger, le pourcentage d’augmentation est assez similaire à celui observé chez les hommes et femmes hétérosexuels nés en France (respectivement +10%, +12% et +8%).
Sur la totalité de la période 2012-2023, le nombre de découvertes est quasi stable chez les femmes hétérosexuelles nées à l’étranger, diminue chez les UDI, les femmes hétérosexuelles nées en France, et les hommes hétérosexuels qu’ils soient nés en France ou à l’étranger (respectivement de -28%, -17%, -19% et -14%). La diminution la plus importante est observée chez les HSH nés en France (-36% sur 2012-2023), tandis que les augmentations les plus fortes sont observées chez les HSH nés à l’étranger et les personnes trans contaminées par rapports sexuels (respectivement de +105% et +170%).
Indicateurs de délai entre contamination et diagnostic
Les diagnostics précoces reflètent à la fois le dépistage et l’incidence du VIH dans l’année du diagnostic, alors que les diagnostics tardifs reflètent le dépistage actuel et l’incidence des années précédentes.
En 2023, 30% des découvertes de séropositivité chez les adultes étaient des diagnostics précoces (stade clinique de primo-infection, test VIH négatif dans les 6 mois ou test d’infection récente positif). La même année, 43% étaient des diagnostics tardifs (stade sida ou taux de CD4 < 350/mm3 hors diagnostic précoce) : 27% au stade avancé de l’infection (stade sida ou < 200/mm3 hors diagnostic précoce) et 16% tardif mais pas au stade avancé.
La part des diagnostics précoces est stable sur les dernières années. La part des diagnostics tardifs au stade avancé a légèrement diminué depuis 2020).
Personnes diagnostiquées en France l’année de leur arrivée, mais connaissant déjà leur séropositivité
En plus des personnes ayant découvert leur séropositivité VIH en 2023, ont été diagnostiquées cette même année 879 [IC95% : 820-938] personnes qui connaissaient leur infection avant d’arriver en France et qui ont été testées positives dans les 12 mois après leur arrivée sur le territoire. Leur nombre, qui avait chuté en 2020 a ré-augmenté depuis (+83% par rapport à 2021). Leur prise en compte porte à 6 352 [IC95% : 6 230-6 475] le nombre total de nouveaux diagnostics d’infection à VIH en France en 2023.
Diagnostics de sida
Le nombre de diagnostics de sida en 2023 a été estimé à 937 [IC95% : 862-1013] en tenant compte de la sous-déclaration et des délais de déclaration). Ce nombre, qui avait progressivement diminué jusqu’en 2020, a ré-augmenté et retrouve en 2023 le niveau de 2019.
Les personnes chez qui un sida a été diagnostiqué en 2023 avaient un âge médian de 47 ans. La majorité (62%) ignoraient leur séropositivité, et donc n’avaient pu bénéficier de traitements antirétroviraux (ARV) avant le sida, et 16% connaissaient leur séropositivité mais n’avaient pas été traitées par ARV. Seuls 21% avaient reçu des ARV pendant au moins 3 mois, mais les données recueillies via la DO ne permettent pas de connaître l’observance ni la durée totale de ce traitement.
En conclusion
L'augmentation de l’activité de dépistage du VIH s’est accélérée en 2023, augmentation en partie liée au dispositif VIHTest, qui permet la réalisation d’un dépistage en laboratoire, sans avance de frais et sans ordonnance.
Le nombre de personnes ayant découvert leur séropositivité a augmenté depuis 2020, mais la part des diagnostics tardif reste proche de 40%. Il est important de poursuivre la mobilisation les professionnels de santé et les populations clés sur l’importance du dépistage répété du VIH. Un dépistage précoce des personnes exposées et de leurs partenaires, suivi d’une mise sous traitement rapide, est indispensable pour interrompre les chaines de transmission.
Pour en savoir plus
Bulletin épidémiologique hebdomadaire, 26 novembre 2024, n°23-24 Infection à VIH : la prévention, le dépistage et la prise en charge to...
Incidence du VIH
Le nombre de découvertes de séropositivité VIH dépend à la fois de l’incidence du VIH, c’est-à-dire du nombre de contaminations dans l’année, et du recours au dépistage.
En France l’incidence annuelle du VIH a été estimée à partir des données de la déclaration obligatoire du VIH par plusieurs méthodes basées soit sur le test d’infection récente réalisé par le Centre National de Référence (CNR) du VIH soit sur des rétro-calculs.
Une étude des différentes méthodes a été réalisée par Santé publique France en 2023, et a abouti au choix d’une méthode permettant de produire en routine, à partir des données issues de la déclaration obligatoire du VIH, les estimations annuelles d’incidence. La méthode choisie permet d’isoler les contaminations survenues en France (alors que les méthodes précédentes incluaient des contaminations survenues à l’étranger pour les personnes diagnostiquées en France).
L’incidence du VIH en France (nombre de contaminations sur le territoire national) a été estimée à environ 3 600 [IC95% : 3 271-4 030] en 2023, soit un taux d’incidence national de 5,3 pour 100 000 habitants.
L’incidence en France a diminué entre 2012 et 2021, en lien avec une diminution chez les HSH nés en France et malgré une augmentation chez les HSH nés à l’étranger. Depuis 2021, l’incidence en France s’est stabilisée (l’intervalle de confiance qui est beaucoup plus large sur le dernier point, ne permet pas à ce stade de parler d’augmentation en 2023), avec également une stabilisation chez les HSH nés en France.
Une augmentation régulière de la prévalence (nombre de personnes vivant avec le VIH)
Une augmentation régulière en France du nombre de personnes vivant avec le VIH est observée depuis le début de l’épidémie, en raison du nombre annuel de nouvelles contaminations toujours supérieur à celui du nombre de personnes séropositives qui décèdent chaque année. Ce nombre serait actuellement d’environ 200 000 personnes en France.