La surveillance renforcée du chikungunya, de la dengue et de Zika s’est terminée le 30 novembre 2024.
Episodes de transmission autochtone de dengue, chikungunya et Zika
Les virus de la dengue, du chikungunya et du Zika, transmis par des moustiques du genre Aedes et le virus West Nile, transmis par des moustiques Culex, font l’objet d’une surveillance en France hexagonale qui vise en premier lieu à prévenir et/ou limiter l’installation d’un cycle de transmission de ces arboviroses. Depuis sa première implantation en 2004, le moustique Aedes albopictus (moustique tigre), vecteur de ces virus, a diffusé à la grande majorité du territoire hexagonal. Les moustiques Culex sont ubiquitaires.
Cette surveillance repose sur la déclaration obligatoire (DO) de tous les cas documentés biologiquement, importés et autochtones. Elle est renforcée, notamment par le transfert automatisé des résultats des principaux laboratoires réalisant ces diagnostics et une sensibilisation des professionnels de santé pendant la période d’activité des moustiques du 1er mai au 30 novembre pour faire face au risque de transmission locale.
Le bilan provisoire de cette saison 2024 fait état de 11 foyers de transmission locale de dengue totalisant 83 cas (tableau 1). Il s’agit du nombre le plus important de foyers et de cas autochtones identifiés depuis la mise en place de la surveillance renforcée en 2006. Ces épisodes ont principalement eu lieu en Provence-Alpes-Côte d’Azur et en Occitanie (Figure 1). Un cas autochtone de chikungunya a été rapporté pour la première fois en Ile de France, un an après l’identification du premier foyer de transmission autochtone de dengue (3 cas) dans cette région. Pour chacun des foyers, des investigations entomologiques et épidémiologiques ont immédiatement été mises en œuvre, accompagnées d’actions de lutte anti-vectorielle. Des mesures de sécurisation des produits issus du corps humain sont aussi mises en place, en application des recommandations du Haut Conseil de Santé Publique.
Grâce aux investigations épidémiologiques réalisées, le cas importé à l’origine de la transmission a pu être identifié dans 3 des 11 foyers investigués. Les cas primaires importés revenaient de la Guyane, de la Réunion et d’Indonésie.
Pour 8 des 11 épisodes autochtones, le sérotype du virus de la dengue a pu être identifié. Il s’agissait du sérotype 1 (DENV-1) pour 4 épisodes, du sérotype 2 (DENV-2) pour 3 épisodes et du sérotype 3 (DENV-3) pour un épisode.
La zone de transmission au sein d’un même foyer de transmission n’a pas excédé un rayon de 400m.
Ces données confirment l’augmentation du risque de transmission locale des arboviroses transmises par Aedes albopictus constatée en 2022, année durant laquelle plus de cas autochtones de dengue avaient été comptabilisés (66 cas) qu’au cours de toute la période écoulée depuis la première émergence de dengue (48 cas) en 2010. De même, l’expansion géographique vers le nord du risque de transmission locale de ces arboviroses est confirmée.
Cas importés du 1er mai au 30 novembre
Dans le cadre de la surveillance renforcée, 2 120 cas de dengue importés ont été identifiés, dont 1 885 dans les départements où l’implantation d'Aedes albopictus a été documentée. Par ailleurs, 25 cas de chikungunya (n= 24 dans les départements colonisés par Aedes albopictus) et 6 cas de Zika (n=6 dans les départements colonisés), ont également été rapportés. Une co-infection dengue-chikungunya a également été déclarée.
Nombre record de cas importés de dengue depuis janvier 2024
Au 17 décembre 2024, 4 694 cas de dengue importés ont été déclarés depuis le 1er janvier 2024, constituant ainsi le nombre annuel de cas rapportés le plus important depuis le début de la surveillance en 2006 (figure 2).
Ces chiffres s’inscrivent dans le contexte d’une année exceptionnelle pour la dengue au niveau mondial. En Amérique, avec un total de plus de 12 millions de cas estimés, l’année 2024 a marqué le record du nombre de cas le plus élevé depuis le début de la surveillance de la dengue en 1980. Le précédent record, en 2023 s’élevait à 4,5 millions de cas.
Des épidémies importantes de dengue ont touché la Guadeloupe, la Martinique et la Guyane à partir de l’été 2023 jusqu’à l’été 2024. Ces épidémies associées aux flux importants de voyageurs entre ces territoires et l’hexagone ont résulté en un nombre record de cas de dengue importés depuis ces territoires.
Depuis début novembre 2024, la Guadeloupe est à nouveau touchée par une épidémie de dengue.
Du 1er janvier au 30 avril 2024, ont été notifiés par la déclaration obligatoire (chiffres actualisés le 3 septembre) :
- 2 271 cas importés de dengue
- 6 cas importés de chikungunya
- 2 cas importés de zika
Du 1er mai 2024 au 26 novembre 2024, ont été identifiés en France hexagonale :
- 2 028 cas importés de dengue, dont 1 808 dans les départements où l’implantation d’Aedes albopictus a été documentée
- 21 cas importés de chikungunya (n=20 dans les départements colonisés par Aedes albopictus)
- 5 cas importés de Zika (n=5 dans les départements colonisés par Aedes albopictus)
Surveillance du virus West Nile
La surveillance du virus West Nile a identifié 39 cas autochtones dans des départements de Provence-Alpes-Côte d’azur, d’Occitanie et de Nouvelle Aquitaine, dont pour la première fois dans le département des Pyrénées- Atlantiques (figure 3). Ces données confirment aussi l’augmentation du risque d’infection par le virus West Nile avec un nombre important de cas et la diffusion au Sud-Ouest de ce risque.
En Europe, plus de 1300 cas autochtones de West Nile ont été signalés en 2024. L’Italie (449 cas) et la Grèce (217 cas) sont les pays les plus touchés.
Carte des cas humains de West Nile en France hexagonale, saison 2024
Situation en Europe
- Dengue : Episodes de transmission autochtone en Europe (ECDC)
- Chikungunya : Episodes de transmission autochtone en Europe (ECDC)