Le moustique Aedes albopictus, implanté en France métropolitaine depuis 2004, ne cesse d'accroître son aire de répartition. Pour limiter le risque de transmission autochtone des arbovirus qu'il peut transmettre (dengue, chikungunya et Zika), une surveillance des cas, importés et autochtones, est mise en place depuis 2006. La surveillance repose sur la déclaration obligatoire des cas documentés biologiquement. Elle est renforcée entre mai et novembre notamment par l'analyse de données de laboratoires permettant d'identifier les cas non déclarés et oriente l'application de mesures de contrôle (lutte anti-vectorielle). En 2022, 378 cas importés de dengue, 23 de chikungunya et six de Zika ont été notifiés en France métropolitaine. Neuf épisodes de transmission autochtone de dengue totalisant 66 cas ont été documentés : cinq épisodes en Occitanie (12 cas), trois en Provence-Alpes-Côte d'Azur (52 cas) et un en Corse (deux cas). Six de ces épisodes sont survenus dans des départements où aucun cas autochtone n'avait été rapporté auparavant. La survenue de cas de dengue autochtone est dorénavant un phénomène attendu dans le sud de la France mais la situation a été exceptionnelle en 2022 : augmentation du nombre d'épisodes, de leur intensité et des zones géographiques concernées. La multiplication des épisodes et l'extension de leur distribution géographique pourraient mettre en péril la viabilité du dispositif. Le maintien de la capacité à limiter la transmission autochtone des arboviroses nécessite l'implication soutenue des acteurs de la surveillance, de la prévention et du contrôle, une attention aux ressources nécessaires au dispositif et l'anticipation de foyers plus importants.
Auteur : Calba Clémentine, Cochet Amandine, Jourdain Frédéric, Grard Gilda, Durand Guillaume André, Guinard Anne, Fournier Lucie, Barbry Alexia, Soares Anaïs, Verdurme Laura, Visseaux Benoit, Paty Marie-Claire, Franke Florian
Bulletin épidémiologique hebdomadaire, 2023, n°. 14, p. 248-254