Dans le contexte actuel d'émergence globale du virus Zika, nous rapportons les données épidémio-cliniques de l'épidémie survenue en Polynésie française (région Pacifique) entre octobre 2013 et mars 2014. Les données de surveillance sentinelle syndromique, utilisant une définition de cas originale, couplées au diagnostic par biologie moléculaire ont permis la surveillance de l'épidémie et la description des cas cliniques confirmés. Les premiers clusters de " syndromes éruptifs " ont été détectés début octobre 2013 et l'identification du virus Zika a été faite par l'Institut Louis Malardé le 30 octobre 2013. Durant les six mois d'épidémie, il a été estimé qu'un total de 32 000 cas suspects avait consulté (11,5% de la population), avec un pic atteint dès la 8e semaine. Les signes cliniques les plus fréquemment rapportés pour les 297 cas confirmés et investigués étaient : éruption maculo-papuleuse (93%), asthénie (78%), fièvre ressentie (72%), arthralgies (65%), hyperhémie conjonctivale (63%). La durée moyenne de l'épisode aigu était de six jours. Des complications neurologiques ou auto-immunes suspectées d'être liées à l'infection par le virus Zika ont été observées pendant l'épidémie. En particulier, 42 cas de syndromes de Guillain-Barré ont été décrits, pour lesquels le lien de causalité a été prouvé a posteriori. Cette épidémie a été la première épidémie de Zika d'importance décrite de manière exhaustive et à l'origine de formes sévères. La souche de virus Zika qui a émergé en Polynésie française a gagné en 2014 le reste du Pacifique et est probablement celle qui circule dans les Amériques depuis 2015.
Auteur : Mallet HP, Vial AL, Musso D
Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire, 2016, n°. 20-21, p. 367-73