Introduction - La fibrillation atriale (FA) est le trouble du rythme cardiaque le plus fréquent ; elle est associée notamment à un risque élevé d'accident vasculaire cérébral (AVC) et de mortalité. La prévention de l'AVC chez les patients présentant une FA se fait au moyen d'un traitement anticoagulant oral (ACO). Les objectifs de notre étude étaient de décrire l'incidence des patients traités par ACO pour une FA en France, d'analyser les évolutions des taux entre 2010 et 2018, et les disparités départementales. Méthodes - À partir du Système national des données de santé (SNDS), un algorithme a été construit afin de détecter, parmi les patients nouvellement traités par ACO, ceux qui l'étaient pour une FA. Des taux d'incidence des patients traités pour FA, bruts et standardisés sur l'âge, ont été estimés par année entre 2010 et 2018 et par département pour 2018. Résultats - En 2018, 225 747 nouvelles personnes avec une FA traitée par ACO ont été identifiées. Le taux standardisé était de 410/100 000 habitants. Celui-ci a augmenté de façon importante depuis 2010 (295 pour 100 000) avec un pic en 2012 (455 pour 100 000) à la suite de l'introduction des ACO directs. Depuis 2013, une évolution annuelle moyenne positive des taux a été observée, en particulier chez les femmes (+1,9%), les personnes âgées de 20-64 ans (+2,6% chez les femmes et +0,5% chez les hommes) et celles âgées de +85 ans (+1,2% chez les femmes et +0,8% chez les hommes). Les départements du Nord et du Pas-de-Calais présentaient les taux standardisés les plus élevés de patients nouvellement traités par ACO pour une FA, plus de 20% supérieurs à la moyenne nationale. À l'inverse, les départements français d'outre-mer avaient des taux plus bas que la moyenne. Conclusion - Ces données mettent en évidence le poids de la FA traitée par ACO en France et, ainsi, du nombre de patients à risque d'AVC. L'introduction des ACO a permis de traiter un nombre et un profil plus large de patients atteints de FA en France. Les départements du nord de la France présentaient une incidence plus élevée que le reste de la France pour cette pathologie.
Auteur : Gabet Amélie, Chatignoux Édouard, Grave Clémence, Béjot Yannick, Olié Valérie
Bulletin épidémiologique hebdomadaire, 2021, n°. 5, p. 72-81