Le programme national de dépistage de la surdité permanente bilatérale néonatale (SPBN) mis en place fin 2014 vise à repérer précocement les enfants déficients auditifs pour limiter les conséquences délétères de ce déficit. Notre objectif était d'évaluer le déploiement du programme à l'échelle nationale, deux années après son lancement. Le programme comporte une phase de dépistage universel en maternité. Dans certaines régions, un test différé (Test3) est également réalisé après la sortie de la maternité. Les enfants suspects entrent ensuite dans une phase diagnostique. Les données agrégées régionales concernant les naissances 2015 et 2016 ont été utilisées pour calculer plusieurs indicateurs nationaux d'évaluation : taux d'exhaustivité, de refus, valeur prédictive positive (VPP), taux d'enfants suspects de SPBN, prévalence et répartition par sévérité. Le taux d'exhaustivité a augmenté de manière significative entre 2015 et 2016 (83,3 vs 93,8% ; p<0,001), tandis que l'acceptation du dépistage était très bonne dès 2015 (refus : 0,1%). En 2016, le taux de suspects de SPBN diminuait de façon importante après le Test3 (1,4 vs 0,9%), tandis que la VPP augmentait (4,7 vs 7,6%). En 2015, la prévalence de la SPBN moyenne à profonde a été estimée à 0,9‰ (IC95% [0,8-1,0]) ; 57% des nouveau-nés avec un déficit >40 décibels ont une surdité moyenne, 17% sévère et 26% profonde. L'objectif national de 90% d'exhaustivité après deux ans de fonctionnement du programme a été dépassé. Le Test3 apparaît utile pour désengorger les structures de diagnostic. L'amélioration de la remontée des données diagnostiques permettront de confirmer la prévalence et la distribution par sévérité de la surdité néonatale en France.
Auteur : Doncarli Alexandra, Tillaut Hélène, Akkari Mohamed, Baladi Blandine, Creutz-Leroy Margaux, Parodi Marine, Beltzer Nathalie, Goulet Véronique, Regnault Nolwenn
Bulletin épidémiologique hebdomadaire, 2021, n°. 10, p. 176-183