Une augmentation importante et rapide du nombre de cas de Covid-19 et de décès a été observée à Perpignan à partir du 13 mars. Les cas se concentraient notamment au sein de deux quartiers du centre-ville de Perpignan majoritairement habités par une communauté gitane : les quartiers Saint-Jacques et Haut-Vernet. Cette alerte a justifié la mise en oeuvre d'une surveillance spécifique du Covid-19 dans une zone d'habitation définie avec les professionnels de santé locaux afin de suivre l'évolution et les caractéristiques de ce foyer épidémique. Cette surveillance s'est appuyée sur un recueil de données spécifiquement mis en place auprès des centres Covid-19 installés dans les Pyrénées-Orientales dont 3 étaient situés au coeur des quartiers concernés. L'évolution des différents indicateurs, tant ambulatoires qu'hospitaliers, témoigne de la montée en charge de l'épidémie de Covid-19 à Perpignan au cours de la deuxième semaine de mars. Les différents indicateurs disponibles se sont stabilisés à un niveau élevé à la fin mars pour décroître ensuite et rejoindre le niveau de faible circulation virale constatée dans la région au cours de la première semaine de mai. Dans les quartiers de Saint-Jacques et du Haut-Vernet la circulation virale y a été plus intense que dans les autres quartiers de Perpignan. Plus de 2% de la population ont rapporté des signes cliniques compatibles avec l'infection lors d'une consultation dans un centre Covid-19 entre le 24 février et le 10 mai 2020. Durant cette période, l'incidence relative des consultations pour Covid-19 effectuées par les habitants de ces quartiers était trois fois plus importante que dans le reste de la ville de Perpignan. Les mesures prises pour assurer et renforcer l'adoption par la population des gestes barrières et du confinement ont certainement contribué à faire baisser rapidement la circulation virale dans ces quartiers. Les caractéristiques des cas hospitalisés en réanimation au centre hospitalier de Perpignan montrent la présence plus importante de facteurs de risque à Perpignan par rapport aux cas hospitalisés en réanimation dans l'ensemble de la région Occitanie. Or, ces facteurs de risque et, en particulier, le diabète et l'obésité, sont particulièrement prévalents dans la population gitane qui réside dans la zone d'étude. La flambée épidémique au sein de cette communauté a, non seulement, entraîné une plus grande incidence, comme tendent à le montrer les données des centres Covid-19 mais aussi, a dû se traduire par un fardeau sanitaire plus important en termes de sévérité. Ces données recueillies de manière réactive dans un but de surveillance épidémiologique souffrent d'un manque de spécificité et de complétude par rapport au fardeau sanitaire réel entraîné par l'épisode dans cette communauté particulièrement vulnérable. Ces premières constatations appellent des études complémentaires afin de mieux cerner l'impact sanitaire direct et indirect de tels épisodes et d'identifier les déterminants sur lesquels il serait possible d'agir pour limiter l'ampleur de la circulation en cas de nouvelle vague épidémique ou de nouveau cluster. Les connaissances ainsi produites pourraient être étendues à la prévention d'autres infections de transmissibilité comparable. En ce qui concerne la surveillance prospective du Covid-19 dans les mois à venir, ces résultats montrent l'intérêt de développer des outils de surveillance spécifique auprès des populations vulnérables au sein desquelles existe un risque de circulation virale accrue doublée d'une sévérité plus importante.
Auteur : Simac Leslie, Ledrans Martine, Guinard Anne, Durand Cécile, Catelinois Olivier, Mouly Damien
Année de publication
: 2021
Pages : 27 p.
Collection : Études et enquêtes