L'épidémie de COVID-19 a concerné les départements régions d'Outre-mer et l'ensemble des territoires a ainsi été touché par la circulation du virus mais avec des dynamiques et des temporalités différentes. Les territoires ultramarins présentent, en effet, des spécificités liées à leur situation géographique mais également des caractéristiques particulières de leur population. De plus, dans le cadre de la gestion de l'épidémie de Covid-19, de multiples mesures ont été mises en place par le niveau national, puis localement à partir de juin 2020. L'objectif du travail réalisé est de fournir des premiers éléments d'une analyse descriptive de l'impact des mesures de freinage sur l'évolution de l'incidence des cas confirmés et des admissions hospitalières sur chacun des territoires. L'ensemble des départements, régions d'Outre-mer a été inclus dans ce travail (Guadeloupe, Guyane, Martinique, Mayotte et La Réunion) ainsi que deux collectivités d'Outre-mer (Saint Barthélémy et Saint Martin). Des mesures réglementaires nationales ont été prises visant notamment à réduire les déplacements et les interactions sociales sur l'ensemble du territoire national et y compris les Outre-mer. Un bilan des arrêtés préfectoraux a également été réalisé par territoire entre mars 2020 et fin mars 2021. Les indicateurs épidémiologiques d'intérêt analysés, pour chacun des territoires ultramarins, concernent tous les âges confondus. Il s'agissait : du nombre hebdomadaire de nouveaux cas confirmés, et les taux d'incidence sur 7 jours glissants (pour 100 000 habitants) ; des variations (en %) des taux d'incidence calendaires d'une semaine par rapport à la précédente ; des taux d'incidence des admissions à l'hôpital sur 7 jours glissants (pour 100 000 habitants). L'analyse s'est appuyée ici sur les données arrêtées au 28 mars (semaine 12 incluse), pour les cas confirmés (source SI-DEP) et les admissions à l'hôpital (source SI-VIC), pour chacun des territoires ultramarins. Le descriptif des dynamiques épidémiques associé aux mesures de freinage mises en place met en évidence des disparités selon les territoires tant sur l'évolution de l'épidémie que sur le nombre et le type des mesures déployées. En conclusion, ce rapport présente un travail exploratoire visant à décrire la dynamique de l'épidémie de COVID-19 au regard des mesures de freinage. Il prend en compte un très grand nombre de mesures, rendant complexe la mise en évidence d'un lien entre la dynamique et les mesures prises et fait l'hypothèse forte d'une bonne observance des mesures. Il ressort que seules des mesures fortes prises relativement précocement pourraient réduire de façon notable la circulation virale et son impact sanitaire, à savoir : 1) des mesures généralisées (confinement, couvre-feu) réduisant les interactions sociales et les activités sans masque, facilement contrôlables, pour suivre leur application et avec une durée suffisamment longue ; 2) la limitation des flux de voyageurs associée à des examens virologiques. Toutefois, la prise de décision n'est pas uniquement liée à la dynamique de l'épidémie et il y a d'autres logiques de décision (économique, sociétale, etc.). Par ailleurs, une mesure efficace sur un territoire ne l'est pas forcément sur un autre du fait des disparités des caractéristiques démographiques, sociales, économiques, environnementales, etc. Il convient donc que la prise de décision s'appuie sur une analyse partagée et contextualisée pour atteindre des objectifs explicites. Au final, ce travail repose sur une approche purement descriptive et ne permet pas d'isoler de façon certaine les effets propres aux mesures mises en place car d'autres éléments peuvent avoir interagi avec celles-ci (facteurs météorologiques, couverture vaccinale...). Dans un second temps, une approche analytique par modélisation permettrait de compléter ce travail en prenant en compte ces autres facteurs afin d'isoler et de mieux quantifier les effets des différentes mesures mises en place. Ce rapport s'inscrit dans le cadre de la saisine du 25 mars 2021 de Santé publique France par le Directeur général de la santé [Annexe 1]. Les résultats décrits dans ce rapport ont été transmis au Directeur général de la santé en juillet 2021.
Auteur : Filleul Laurent, Assogba Frank, Barrau Marie, Calba Clémentine, Daudens-Vaysse Élise, Hassani Youssouf, Menudier Luce, Laporte Anne, Larrieu Sophie, Mercier Alizé, Pognon Damien, Pouey Jérôme, Rousseau Cyril
Année de publication
: 2021
Pages : 52 p.
Collection : Études et enquêtes