Le botulisme humain est une affection neurologique rare mais grave, qui fait l'objet d'une déclaration obligatoire depuis 1986 à Santé publique France. Le diagnostic biologique est réalisé par le Centre national de référence (CNR) des bactéries anaérobies et du botulisme (Institut Pasteur, Paris). Cette étude présente la situation du botulisme humain en France sur la période 2013-2016, à partir des données épidémiologiques de Santé publique France et des investigations biologiques du CNR. Trente-neuf foyers de botulisme confirmés (68 cas) et 3 suspects (4 cas), ont été identifiés : 6 foyers de type A (10 cas), 26 de type B (47 cas), 2 de type F (5 cas) et 5 de type indéterminé (6 cas). Le botulisme alimentaire concernait 36 foyers (6 cas) et le botulisme infantile a été confirmé chez 6 nourrissons. Tous les cas de botulisme alimentaire de type A et F étaient des formes sévères. Deux décès en lien avec une intoxination botulique ont été enregistrés pour cette période. L'aliment responsable a été identifié dans 15 foyers parmi les 36 foyers de botulisme alimentaire. Il s'agissait majoritairement de produits de charcuterie de préparation familiale ou artisanale, jambon cru notamment, à l'origine de 13 foyers de botulisme de type B dont 3 étaient dus à des charcuteries importées. Des charcuteries de préparation familiale ou artisanale ont été suspectées dans 12 autres foyers. Un pâté de faisan a été mis en cause dans un foyer de type A et une consommation de conserves d'asperges a été suspectée responsable de 2 autres foyers. Un des 2 foyers de botulisme de type F était dû à une viande hachée d'origine industrielle contaminée par Clostridium baratii F7. Aucun aliment n'a été identifié être à l'origine des cas de botulisme infantile, mais une contamination environnementale a été suspectée chez 3 d'entre eux. Une souche de C. botulinum A2 résistante aux pénicillines et au métronidazole a été identifiée dans un cas de botulisme infantile avec rechutes. Le botulisme reste une pathologie rare en France, mais le maintien de sa surveillance est nécessaire afin d'identifier précocement l'éventuelle émergence d'un nouveau type de toxine ou la mise en cause d'un nouvel aliment, comme dans le cas des 2 foyers de C. baratii type F en 2014 et 2015. La surveillance permet aussi d'identifier rapidement des foyers afin de transmettre sans délai, aux particuliers et aux industriels, les recommandations de modifications de pratiques en termes d'hygiène et de conservation des denrées alimentaires. Enfin, l'identification rapide des aliments contaminés accélère leur retrait du marché ou d'une distribution familiale.
Auteur : Mazuet C, Jourdan Da Silva N, Legeay C, Sautereau J, Popoff MR
Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire, 2018, n°. 3, p. 46-54