Introduction - Une épidémie de gastro-entérites aiguës (GEA) est observée chaque hiver en France et est à l'origine de 700 000 à 3,7 millions de consultations en médecine générale. Nous présentons ici un bilan et une comparaison des épidémies de GEA survenues en France métropolitaine au cours des saisons hivernales 2006/2007, 2007/2008 et 2008/2009. Méthode - La surveillance des GEA est assurée en France par plusieurs systèmes complémentaires : le Réseau Sentinelles pour les cas consultant en médecine générale, un réseau de services d'urgences hospitalières, les signalements de cas groupés de GEA par le signalement des infections nosocomiales, la déclaration obligatoire des toxi-infections alimentaires collectives, le Centre national de référence des virus entériques et les signalements spontanés par des collectivités auprès des Ddass. Résultats - D'après les données du Réseau Sentinelles, l'épidémie 2006/2007 a été modérée, l'épidémie 2007/2008 a été la plus précoce et la courbe épidémique de la saison 2008/2009 avait une forme inhabituelle avec une durée plus longue. On constate un recours aux urgences plus important en 2007-2008 et 2008-2009. Au total, 491 épisodes de cas groupés de GEA survenus sur les trois saisons hivernales ont été déclarés à l'Institut de veille sanitaire, avec une augmentation progressive du nombre de foyers notifiés d'une saison à l'autre. Pour les trois saisons, environ 60% des signalements de cas groupés de GEA provenaient d'une maison de retraite, d'une unité de soins de longue durée ou d'une unité de soins de suite et de réadaptation. Un norovirus de génogroupe II.4 était à l'origine de la grande majorité des 311 foyers de cas groupés confirmés biologiquement. Le génotype Bristol était le plus fréquent pour la première saison et les génotypes 2006b et 2006a pour les deux suivantes. Discussion-conclusion - Les systèmes complémentaires de surveillance des GEA en France montrent des tendances comparables et permettent une bonne caractérisation et comparaison des épidémies hivernales. L'augmentation des signalements de cas groupés de GEA pourrait s'expliquer par une amélioration de la surveillance et par la présence de nouveaux variants de norovirus circulants. La mise en place à l'automne 2010 d'une application de saisie des cas groupés de GEA dans les établissements d'hébergement pour personnes âgées (Ehpa) permettra un recensement plus exhaustif et précoce de ces épisodes, un renforcement des investigations et une mise en place rapide de mesures de gestion adaptées et efficaces. (R.A.)
Auteur : Carrillo Santisteve P, Ambert Balay K, Arena C, Poujol I, Caillere N, Delmas G, Jourdan Da Silva N
Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire, 2010, n°. 31-32, p. 349-52