Mortalité des agents et ex-agents de la Régie autonome des transports parisiens (RATP) entre 1980 et 2012

Publié le 9 juillet 2024
Mis à jour le 8 juillet 2024

Introduction – Les travailleurs de la Régie autonome des transports parisiens (RATP) sont exposés à de multiples nuisances ou contraintes professionnelles. Les objectifs de cette étude étaient de comparer la mortalité globale et par cause des salariés et ex-salariés de la RATP à celle de la population générale d'Île-de-France et de réaliser une analyse selon les métiers exercés. Matériel et méthodes – L'ensemble des salariés ayant travaillé à la RATP entre le 1er janvier 1980 et le 31 décembre 2012 et ayant une ancienneté d'au moins un an ont été inclus dans l'étude. Lorsqu'il était inconnu, le statut vital du salarié a été obtenu auprès du Répertoire national d'identification des personnes physiques (RNIPP). Les causes initiales de décès des salariés décédés ont été obtenues auprès du Centre d'épidémiologie sur les causes médicales de décès (CépiDc). Elles ont été classées en suivant la nomenclature de la liste européenne succincte des causes de décès. Les carrières des agents ont été reconstituées depuis leur entrée dans l'entreprise et les différents métiers ont été regroupés en 22 modalités. La mortalité globale et par cause des agents a été comparée à celle de la population générale d'Île-de-France en calculant des indices comparatifs de mortalité (standardized mortality ratios, SMR). La mortalité par catégorie socioprofessionnelle (CSP) a été comparée à celle de la CSP correspondante en France hexagonale. Un modèle de Cox a été utilisé pour calculer le risque relatif de décès selon le métier exercé. Résultats – La cohorte se compose de 96 634 agents, dont 78 702 hommes et 17 932 femmes. Au 31 décembre 2012, ils étaient respectivement 11 466 (14,6%) et 1 174 (6,5%) à être décédés. La mortalité toutes causes était significativement inférieure à celle de la population générale francilienne : SMR=0,94 (intervalle de confiance à 95%, IC95%: [0,93-0,96]) chez les hommes, 0,91 [0,86-0,97] chez les femmes. Contrairement aux autres CSP, les employés montraient une surmortalité chez les hommes (1,15 [1,10-1,21]) et chez les femmes (1,12 [1,04-1,21]). Tous métiers confondus, le cancer du rein (1,24 [1,03-1,48]), les infarctus aigus du myocarde (1,17 [1,08-1,26]), les cirrhoses, fibroses et hépatites chroniques (1,11 [1,01-1,21]) ainsi que les suicides et lésions auto-infligées (1,20 [1,08-1,32]) étaient des causes de décès significativement en excès chez les hommes par rapport à la population de référence. Chez les femmes, une surmortalité significative par accidents de transport était mise en évidence (1,85 [1,22-2,69]). Les analyses par groupe de métiers ont montré des risques de décès plus élevés dans certains groupes (tels que les ouvriers non qualifiés de maintenance, les agents de gare ou de station) et, également des causes de décès en excès parmi les agents ayant exercé certains groupes de métiers (notamment les tumeurs de la plèvre parmi les ouvriers qualifiés de la maintenance ou les cardiopathies ischémiques parmi les conducteurs de bus, les agents de sécurité et les ouvriers non qualifiés de la maintenance). Conclusion – Ces résultats incitent à renforcer les actions de prévention ciblées mises en place au sein de l'entreprise auprès des salariés exerçant les métiers identifiés dans cette étude afin de réduire les inégalités observées. Une nouvelle analyse intégrant des données plus récentes permettra d'augmenter la puissance statistique et d'actualiser les résultats.

Auteur : Méthy Nicolas, Moisan Frédéric, Debatisse Amélie
Bulletin épidémiologique hebdomadaire, 2024, n°. 13, p. 267-283