Le Recueil d'information médicalisé en psychiatrie (RIM-P) : un outil nécessaire pour la surveillance des hospitalisations suite à une tentative de suicide

Publié le 1 septembre 2017
Mis à jour le 6 septembre 2019

Position du problème : la surveillance épidémiologique des tentatives de suicide est primordiale pour le suivi des indicateurs lors de l'évaluation des actions de prévention mises en place. Dans le cadre de cette surveillance, l'analyse des données d'hospitalisation pour tentative de suicide est particulièrement utile. Matériel et méthodes : pour la première fois, les données nationales du " Programme de médicalisation des systèmes d'information en médecine, chirurgie, obstétrique " (PMSI-MCO) et du Recueil d'information médicalisé en psychiatrie (RIM-P) ont été analysées conjointement. Toutes les personnes âgées de 10 ans et plus hospitalisées en 2012 en France métropolitaine dans les services de médecine, chirurgie ou psychiatrie suite à une tentative de suicide ont été incluses. Résultats : en 2012, 89 072 patients (62 % de femmes et 38 % d'hommes) ont totalisé 134 051 séjours hospitaliers suite à une tentative de suicide, dont 93,4 % (n = 83 196) ont séjourné en médecine ou chirurgie et 32,1 % (n = 28 594) en psychiatrie (uniquement ou après un séjour en médecine ou chirurgie). Toutefois, parmi les patients transférés en psychiatrie après une hospitalisation en médecine ou en chirurgie pour tentative de suicide, 82,4 % n'avaient pas de code de tentative de suicide noté au décours de leur hospitalisation en psychiatrie. Un ou plusieurs diagnostics psychiatriques étaient notés chez 75 % des personnes hospitalisées pour tentative de suicide. Chez les hommes comme chez les femmes, les diagnostics les plus fréquents étaient les troubles de l'humeur (46 %), en particulier la dépression (42 % ; 44 % chez les femmes et 38 % chez les hommes). Un diagnostic de troubles mentaux liés à l'utilisation d'alcool était noté chez plus d'un quart des patients, plus souvent chez les hommes (37 %) que chez les femmes (21 %). Certains diagnostics n'étaient pratiquement jamais portés en médecine ou chirurgie, tels que les troubles anxieux et les troubles de la personnalité et du comportement. Conclusion : l'amélioration de la surveillance épidémiologique des tentatives de suicide nécessite un codage systématique des hospitalisations en psychiatrie aussi bien qu'en médecine et chirurgie. L'apport des données en psychiatrie réside dans une identification plus précise des comorbidités psychiatriques associées aux tentatives de suicide. La présence fréquente des pathologies mentales lors des tentatives de suicide doit inciter les cliniciens à rechercher systématiquement ces symptômes dès que possible après l'arrivée du patient.

Auteur : Chan Chee C, Paget LM
Revue d'épidémiologie et de santé publique, 2017, vol. 65, n°. 5, p. 349-59