En France, les noyades, suivies ou non de décès, constituent un problème important de santé publique car elles sont responsables de plus de 500 décès accidentels chaque année et parfois de graves séquelles. Chez les enfants de 1 à 14 ans, elles représentent la deuxième cause de décès accidentel. L'enquête "NOYADES 2003" a été réalisée durant l'été 2003 par l'Institut de veille sanitaire et le ministère de l'Intérieur, de la Sécurité intérieure et des Libertés locales (Direction de la défense et de la sécurité civiles). Cette enquête nationale, pour la deuxième année consécutive, a inclus toutes les victimes de noyade, accidentelle ou non, suivie d'une hospitalisation ou d'un décès quel que soit le lieu : piscine privée, piscine publique, cours d'eau, plan d'eau, mer et autres lieux. Cette enquête a recensé 1 154 noyades accidentelles suivies d'une hospitalisation ou d'un décès dont 435 (38%) décès. Quinze pour cent des noyades accidentelles ont été observées chez des enfants de moins de 6 ans et 42,3% chez des personnes de plus de 45 ans. Deux noyés sur trois étaient de sexe masculin. La répartition par lieu de noyade a été la suivante : 172 en piscine privée (dont 52 décès), 66 en piscine publique ou privée d'accès payant (dont 5 décès), 153 en cours d'eau (dont 105 décès), 156 en plan d'eau (dont 93 décès), 560 en mer (dont 160 décès) et 47 dans les autres lieux (dont 20 décès). Les caractéristiques démographiques des victimes et les circonstances de noyade ont été très différentes selon le lieu : 49% des noyades en piscine privée et 61% des noyades dans les autres lieux, tels que les baignoires, se sont produites chez des enfants de moins de 6 ans, le plus souvent parce qu'ils ne savaient pas nager et par manque de surveillance. En piscine publique ou privée d'accès payant, 65% des noyés avaient moins de 20 ans, pour lesquels les circonstances les plus fréquentes ont été une pathologie, ne pas savoir nager et une conduite à risque. En cours d'eau, 68% des noyades se sont produites chez des adultes (20-64 ans) liées le plus souvent à une chute et à un lieu de baignade interdite. En plan d'eau, la moitié des victimes étaient des personnes de moins de 25 ans pour lesquelles un problème de santé (malaise, hydrocution) et ne pas savoir nager était principalement en cause. En mer, 59% des noyades se sont produites chez des adultes de plus de 45 ans pour lesquels les circonstances les plus fréquentes ont été un problème de santé, un épuisement et les courants. Les régions Languedoc Roussillon (197 noyades, dont 49 décès), Provence-Alpes-Côte d'Azur (162 noyades, dont 66 décès), Aquitaine (124 noyades, dont 40 décès), Rhône-Alpes (96 noyades, dont 41 décès), Pays-de-la- Loire (90 noyades, dont 30 décès), Bretagne (83 noyades, dont 30 décès) et Poitou-Charentes (77 noyades, dont 26 décès) qui accueillent de nombreux touristes, ont recensé le plus grand nombre de victimes. Ces régions ont fait l'objet d'une analyse détaillée des caractéristiques démographiques des victimes et des circonstances de survenue des noyades. Parmi les victimes, 54% étaient des résidents habituels du département où a eu lieu la noyade, 39% étaient des touristes français et 7% des touristes étrangers. Une augmentation de 45% du nombre de noyades accidentelles suivies d'une hospitalisation ou d'un décès a été observée par rapport à l'été 2002 (de 796 en 2002 à 1 154 en 2003) et de 73% des décès (de 252 décès en 2002 à 435 en 2003). Cette augmentation a été la plus forte chez les personnes âgées de plus de 65 ans et en plan d'eau. Les conditions météorologiques particulières de l'été 2003, l'augmentation du nombre de piscines privées et l'absence de campagne de prévention ont probablement entraîné une augmentation du nombre de noyades accidentelles. (R.A.)
Auteur : Ermanel C, Ricard C, Thelot B
Année de publication
: 2004
Pages : 92 p.