En France, les consommations d’alcool, de tabac, de cannabis chez les jeunes diminuent mais demeurent importantes. Leurs effets sont particulièrement néfastes à court et à long terme sur leur santé nécessitant de poursuivre les politiques publiques pour réduire les risques et les conséquences liés à cette consommation. Dans un objectif de réduction des risques, Santé publique France lance aujourd’hui une campagne à destination des jeunes de 17 à 25 ans visant à renforcer les comportements protecteurs entre pairs.
Panorama des consommations de SPA chez les jeunes
La synthèse publiée aujourd’hui dresse un état des lieux des modes et niveaux de consommation d’alcool, de tabac et de cannabis chez les adolescents et les jeunes adultes. La tendance à la baisse est notable depuis le début des années 2010, en France tout comme dans d'autres pays européens et anglo-saxons. En effet, en 10 ans le nombre d’adolescents de 17 ans déclarant n’avoir jamais consommé d’alcool, de tabac et de cannabis a augmenté, passant de 5,1 % en 2008 à 11,7 % en 20171.
Ces consommations restent cependant préoccupantes, notamment chez les 18-25 ans. Dans cette tranche d’âge, 27 % ont consommé du cannabis au cours de l’année en 2017 contre 23 % en 20102. La consommation d’alcool demeure une pratique très courante chez eux, avec plus de 80 % de consommateurs d’alcool dans les 12 mois précédant l’enquête3.
Les représentations associées à ces substances diffèrent. Si l’image du tabac s’est dégradée chez les nouvelles générations, celle du cannabis demeure bonne – perçu comme moins nocif que le tabac. Quant à l’alcool, il continue d’être très associé à la joie, à la convivialité, au plaisir et donc indispensable selon les jeunes au contexte festif.
Consommation de substances psychoactives chez les jeunes en France et dans certains pays à revenus élevés : État des lieux des modes et...
En savoir plusNouvelles données du Baromètre de Santé publique France 2017 l’association « alcool et fête » perdure chez les jeunes de 18-25 ans
Parmi les consommateurs réguliers d’alcool, 74,5 % indiquent avoir bu de l’alcool pour que les fêtes soient mieux réussies, 68,9 % pour la sensation que cela procure, 41,2 % pour s’enivrer. Ces jeunes consomment entre 4 et 5 verres par occasion et entre 90 et 110 jours par an.
Ainsi, 6 % des 18-25 ans ont bu de l’alcool au moins une fois par mois au cours de l’année écoulée pour rechercher l’ivresse et 13 % déclarent avoir eu une ivresse au moins 10 fois dans l’année.
Les pratiques des étudiants de 18-25 ans sont assez proches des comportements de consommation d’alcool des autres jeunes du même âge. Des différences au sein des étudiants sont observées : dans certaines filières dites sélectives, les alcoolisations ponctuelles importantes (5 verres en une occasion pour les adultes ; 6 verres pour les mineurs) par semaine sont plus fréquentes (16 % des étudiants en école d’ingénieur ou de commerce et de gestion, contre 8 % des autres étudiants).
Une campagne pour réduire les risques de consommation d’alcool et de cannabis
La nouvelle campagne de Santé publique France « Amis aussi la nuit » s’inscrit dans une stratégie de réduction des risques de consommation d’alcool et de cannabis en contexte festif. Son principe consiste à replacer l’amitié au coeur des bonnes pratiques. En effet, plusieurs études, dont l’enquête ARAMIS 20174 menée par l’OFDT, montrent qu’au-delà des stratégies individuelles de maîtrise des consommations, des comportements protecteurs au sein des groupes de jeunes ont été observés. L’amitié entre jeunes serait, ainsi, un facteur de protection pour réduire les risques immédiats liés aux consommations importantes de substances psychoactives.
La campagne met en parallèle deux moments d’une même soirée : le début de la soirée qui se passe bien car les consommations sont « maîtrisées » et le moment où ça tourne mal pour un personnage à cause d’une consommation excessive. Le slogan conclut : « Prendre soin de ses amis, c’est le faire aussi la nuit ».
À partir du 25 septembre et pendant un mois, ce message se décline sous plusieurs formats et sur plusieurs canaux :
- Une campagne au plus près de l’univers des jeunes :
- Elle est diffusée sur les plateformes audios digitales (Spotify, Deezer), les réseaux sociaux (Snapchat, Instagram) et Youtube via des bannières, un spot radio, des stories et des vidéos courtes.
- l’émission C’Cauet (NRJ radio) invitera les jeunes, chaque vendredi, à témoigner de leur propre expérience lors de soirée où ils ont du s’occuper d’ami(e-s) ayant consommé de l’alcool ou du cannabis.
- Une campagne d’affichage dans les lieux festifs, pour être au coeur des habitudes des jeunes (bars, restaurants…). Ces affiches seront également mises à la disposition des Bureaux des élèves (BDE) des écoles ou universités.
Être son pote c'est lui lâcher des #frérot ou savoir lui dire « C'est le verre de trop » ?
Tu peux dire à ton pote « Arrête ton mytho » mais pas « Arrête de boire » ?
- Une page internet (www.amisaussilanuit.fr) complète le dispositif et permet de diriger les personnes en recherche de contenus pédagogiques sur la réduction des risques, vers les dispositifs d’aide à distance www.alcool-info-service.fr et www.drogues-info-service.fr.
1 Spika S. et al., Les drogues à 17 ans : analyse de l’enquête ESCAPAD 2017, Tendances OFDT février 2018
2 Spilka S. et al, Les niveaux d’usage des drogues illicites en France en 2017, Tendances OFDT novembre 2018
3 Richard J-B. et al. La consommation d’alcool chez les adultes en France en 2017. Bulletin épidémiologique hebdomadaire. 2019
4https://www.ofdt.fr/publications/collections/periodiques/lettre-tendances/representations-motivations-et-trajectoires-dusage-de-drogues-ladolescence-tendances-122-janvier-2018/