Lancement d’une feuille de route régionale de lutte contre les addictions, enjeux de santé, de sécurité et de tranquillité publiques
Basée sur les orientations fixées par le plan national de mobilisation contre les addictions 2018-2022, sur le projet régional de santé 2018-2022 ainsi que sur un diagnostic régional partagé, la feuille de route addictions est articulée autour de 7 axes prioritaires :
- Renforcer les connaissances, la coordination et l’évaluation dans le champ des addictions
- Informer, former et communiquer pour éclairer
- Protéger et prévenir les conduites addictives chez les jeunes
- Prévenir et réduire les risques en milieu festif
- Renforcer les actions en direction des publics vulnérables
- Réduire l’exposition aux produits
- Poursuivre le développement de la prise en charge des personnes en situation d’addiction, notamment en ambulatoire
L’ambition partagée consiste, d’une part, à prévenir les addictions dans un but de réduction des actes de délinquance, de la morbidité et de la mortalité prématurée évitable en favorisant l’intervention précoce (ce qui rejoint l’un des objectifs de la stratégie décennale de lutte contre les cancers, présentée le 4 février par le Président de la République : réduire de 60 000 par an le nombre de cancers évitables) et, d’autre part, à fluidifier les parcours de soins et prévenir les ruptures dans la prise en charge par la mise à disposition d’une palette de services et une meilleure articulation des dispositifs.
Partenariat renforcé : tous concernés
Pour des résultats efficaces et pérennes, cette feuille de route repose avant tout sur un partenariat renforcé entre l’ensemble des acteurs concernés, qu’ils soient institutionnels ou associatifs. En effet, jusqu’alors, de nombreux acteurs initiaient des actions en la matière mais très souvent de manière isolée, avec des moyens et une envergure limités.
L’objectif premier de cette feuille de route est donc de renforcer cette coordination entre les partenaires de tous horizons afin de mutualiser et optimiser l'ensemble des actions menées sur le territoire, à l’instar du pilotage commun par la préfecture de région et l'ARS avec l’appui de Santé Publique France. Ce partenariat a vocation à couvrir l'ensemble du parcours de l'addiction au travers des actions de prévention et réduction des risques, de prise en charge et de répression, dans un objectif commun qui est celui du bien-être de tous.
À l’échelon régional, comme à celui des territoires, cette feuille de route visera à donner plus de force, de cohérence et de visibilité à notre action publique en matière de lutte contre les addictions.
Les addictions, enjeux de santé, de sécurité et de tranquillité publiques
Le sujet des addictions est universel car il touche l’ensemble de la population, de tous âges et de tous milieux. Si le poids sur la santé est bien connu, elles peuvent également fortement impacter la scolarité, l’insertion, l’emploi et plus largement les relations aux autres. Les consommations de substances psycho-actives, telles que l’alcool ou le cannabis, génèrent en outre des problèmes majeurs de sécurité et de tranquillité publiques :
En termes de santé publique, en France, le tabac et l’alcool sont les deux premières causes de mortalité évitables: 75 000 décès par an liés au tabac et 41 000 décès par an liés à l’alcool. Plus d’un tiers des décès par cancer sont liés au tabac (45 000) et à l’alcool (16 000).
La région Occitanie fait partie des régions dans lesquelles les prévalences de consommation quotidienne de tabac, d’alcool et de cannabis sont les plus élevées :
- 30,3 % des 18 – 75 ans fument quotidiennement, soit 1 200 000 fumeurs. Cette part est plus élevée que dans le reste de la France (26,9 %) avec une prévalence significativement supérieure aux autres régions chez les femmes mais pas chez les hommes* ;
- 13 % des 18 – 75 ans consomment de l’alcool tous les jours en Occitanie (10 % en France), avec une prévalence significativement plus élevée chez les hommes que chez les femmes. En Occitanie, la prévalence de consommation hebdomadaire ne différait pas de la France pour la bière et l’alcool fort mais était significativement plus élevée pour le vin (33 % versus 30 % en France)* ;
- les jeunes de la région Occitanie présentent un profil de surconsommation comparé à celui de des jeunes en France (+19% pour un usage de cannabis régulier) **.
En termes de sécurité et de tranquillité publiques, les victimes affaiblies par la consommation de substances sont plus vulnérables, les auteurs désinhibés sont plus agressifs. Gravitent autour de ces phénomènes des enjeux importants en termes de délinquance, de trafics et d’insécurité ayant des retentissements importants sur le quotidien de l’ensemble de la population (vols, violences, y compris dans la sphère familiale, nuisances diverses, sécurité sur les routes). Ainsi par exemple, en 2020, en Haute-Garonne, la consommation d’alcool et de stupéfiants est avérée dans 47 % des accidents mortels, soit près d’un accident mortel sur 2.
La crise sanitaire a marqué l’année 2020 générant un contexte sanitaire, économique et social particulièrement difficile. S’il n’est encore possible d’établir les conséquences immédiates des périodes de confinement sur les usages de substances psychoactives, les premières études laissent entrevoir une potentielle aggravation des consommations et comportements à risque, notamment en raison de la dégradation de l’état de santé mentale liée aux effets de la crise sanitaire et de ses impacts économiques et sociaux à court et moyen termes. Ainsi, dans l’étude Coviprev menée depuis le début du premier confinement par Santé publique France, environ un quart des fumeurs déclarait en mai 2020 avoir augmenté sa consommation de tabac.