Réalisé tous les 5 ans, ce Baromètre permet d’appréhender les attitudes et les comportements des Français face au cancer. Outil de pilotage des politiques de prévention, il est également utile pour penser des pratiques différenciées pour les populations spécifiques.
Le Baromètre cancer est une enquête en population générale réalisée tous les 5 ans depuis 2005. Cette 4e édition, dont les données ont été recueillies en 20211 auprès de près de 5 000 personnes âgées entre 15 et 85 ans, permet de disposer d’une « photographie » à un instant T des perceptions et des comportements des Français face au cancer et d’en apprécier les évolutions. Il est également un outil indispensable pour documenter les inégalités en matière de santé. L’ensemble des facteurs2 étudiés contribue à guider les comportements de chacun en termes de santé. Alors que près de la moitié des cancers pourraient être évités, il est essentiel d’en connaître l’évolution pour évaluer les politiques publiques et les faire évoluer. L’objectif étant d’améliorer la prévention et la lutte contre les inégalités.
Quelques points marquants du 4e Baromètre Cancer
Ensemble, les données issues de ce Baromètre, nous permettent de mieux appréhender les opinions, les perceptions ou encore les comportements des Français sur les cancers pour mieux guider et analyser l’impact des politiques publiques de santé en matière de lutte contre les cancers.
Ainsi, les Français nous rapportent se sentir bien informés sur les cancers. Cependant nous nous rendons compte que lorsque l’on s’intéresse plus spécifiquement aux facteurs de risques, et notamment aux facteurs de risques évitables, leurs perceptions ne s’appuient pas vraiment sur les connaissances scientifiques. Par exemple, le lien entre facteurs psychologiques et cancer (c’est-à-dire le stress de la vie moderne, les expériences traumatiques) est souvent cité par les Français. Or, il n’y a aucune preuve scientifique avérée sur ce lien.
Les résultats permettent également de constater une forme de mise à distance du risque individuel en fonction de son propre comportement. Ainsi, pour le tabac, 1er facteur de risque évitable de cancer, 1 fumeur sur 2 place au moins un des seuils de dangerosité (c’est-à-dire le nombre de cigarettes fumées par jour ou le nombre d’années de tabagisme) au-dessus de sa propre consommation.
Pour l’alcool, 2e facteur de risque évitable de cancer, les personnes qui en consomment le citent moins spontanément comme un facteur de risque de cancer que celles qui sont abstinentes. Cette mise à distance est d’autant plus importante que la consommation est élevée.
Par ailleurs, les résultats du Baromètre soulignent à nouveau les différences de perceptions, de croyances et d’attitudes à la fois en fonction du niveau de diplôme, mais aussi de celui de revenus des Français.
Par exemple, ils indiquent que :
- les personnes les moins diplômées sont moins nombreuses à percevoir les risques de cancer liés au tabac avec certainement une mise à distance du risque à considérer ;
- en matière de dépistage, les femmes qui ont les revenus les plus faibles, déclarent moins participer au dépistage du cancer du col de l’utérus. Or ce dépistage est important dans le parcours de santé des femmes.
Enfin, des idées reçues persistent voire augmentent par rapport à la précédente édition du Baromètre cancer. C’est le cas de l’affirmation selon laquelle « le cancer est héréditaire » ; une affirmation fortement approuvée chez les personnes ayant un niveau de diplôme inférieur au Baccalauréat. Ce dernier exemple illustre aussi la question du niveau de littératie (on entend par ce terme la motivation et les compétences des individus à accéder, comprendre, évaluer et utiliser l'information en vue de prendre des décisions concernant leur santé).
Ces données sont d’un apport significatif. Elles nous permettent de nous interroger à nouveau sur les dispositifs d’information et d’intervention qu’il faut développer pour accompagner chacun dans sa bonne information et sa bonne compréhension pour que ces inégalités s’amenuisent voire disparaissent.
Adapter chaque vague du Baromètre Cancer aux évolutions, aux pratiques et au contexte
La 4e édition du Baromètre cancer a fait l’objet d’évolutions franches dans son questionnaire. Tout en conservant les éléments permettant les comparaisons entre les différentes éditions, il intègre les évolutions des recommandations de prévention et prend en compte la variation entre les différentes éditions.
Le chapitre consacré à la perception des cancers et des facteurs de risque de cancer a été enrichi d’investigations complémentaires qui ont tenu compte des conclusions du Baromètre cancer précédent. Il s’agissait de comprendre le choix des personnes proposant des réponses peu attendues. D’autre part, la perception des facteurs de risque a été analysée dans une double approche : d’une part, et pour la première fois en France, à travers une question ouverte pour recueillir ceux qui sont perçus spontanément, d’autre part, comme pour les éditions précédentes, à travers la proposition d’une liste de facteurs de risques avérés ou non.
Concernant les chapitres liés au tabac et à l’alcool, les deux premiers facteurs de risques évitables de cancer, les questions se sont recentrées sur le lien entre eux et le cancer. Sur ces deux chapitres, une interrogation a également été introduite sur les stratégies à conduire pour lutter contre leur consommation et leur efficacité perçue.
La partie sur les comportements et opinions face aux ultraviolets (naturels ou artificiels) a été retravaillée en profondeur et enrichie. Elle intègre désormais des questions sur la connaissance de l’indice UV, sur le bronzage et sur les perceptions de la durée d’exposition au soleil comme source de vitamine D ou encore le recueil des opinions sur la réglementation de l’usage des cabines UV.
Quant à la nutrition, le questionnaire a été complété par de nouveaux groupes d’aliments (féculents complets, compléments alimentaires, aliments ultra-transformés, aliments bio et légumes secs). Par ailleurs, l’opinion sur la pratique du jeûne et la consommation de compléments alimentaires était questionnée pour la première fois.
Le chapitre dédié à l’analyse des comportements et perceptions sur les dépistages et la vaccination contre les HPV est réintégré à cette 4e édition. Il ne figurait pas dans la précédente vague de 2015. De nouvelles questions ont été proposées sur le dépistage du cancer du poumon, en lien avec le programme pilote qui sera lance par l’Institut national du cancer, afin de définir les contours d’un éventuel programme de dépistage organisé.
Enfin, un chapitre dédié à la cigarette électronique permet de disposer, pour la première fois en France, de données sur les usages et leurs motifs, ainsi que sur la perception de la nocivité de ce dispositif et de ses composants en lien avec la santé. Aussi, si ce dispositif est récemment apparu en Europe (son essor date de 2010), il est très largement connu de la population (99,6 % des personnes interrogées savent ce qu’est la cigarette électronique).
Le 4e Baromètre Cancer en pratique
Ce baromètre est organisé en 8 chapitres :
- Cancer et facteurs de risque. Opinions et perceptions de la population française.
- Information sur le cancer et ses facteurs de risque. Perception et sources d’information : quelles évolutions ?
- Tabac et cancer. Perception des risques en 2021 et évolutions depuis 2015.
- Alcool et cancer. Comportements, opinions et perceptions des risques.
- Cancers et ultraviolets, naturels ou artificiels. Connaissances, croyances et pratiques.
- Nutrition et cancer. Perception des facteurs de risque et des facteurs protecteurs.
- Cigarette électronique. Quelles perceptions en France ?
- Dépistages. Perception et adhésion aux dépistages et à la vaccination contre les HPV.
Enfin, un chapitre est consacré à la méthodologie de l’étude.
Baromètre Cancer 2021. Attitudes et comportements des Français face au cancer
En savoir plus1 L’enquête téléphonique, confiée à l’institut de sondage Ipsos, s’est déroulée du 22 avril au 7 août 2021 auprès de 4 938 personnes. La durée moyenne de passation du questionnaire était de 37 minutes.
2 Le Baromètre cancer étudie les croyances, les perceptions, les connaissances, les opinions et les comportements de la population sur les cancers, leurs facteurs de risque, le dépistage et les moyens de prévention.