La production sociale des inégalités de santé

Nathalie Bajos est invitée sur la chaire annuelle Santé publique du Collège de France pour l’année 2024-2025 avec le soutien de l’agence nationale Santé publique France.

Publié le 19 mars 2025

Sociologue et démographe, Nathalie Bajos travaille sur la production sociale des inégalités de santé dans le champ de la sexualité et de la santé sexuelle. Directrice de recherche à l’Inserm et directrice d’étude à l’EHESS, elle est coresponsable de trois enquêtes nationales sur la sexualité, mais aussi d’un projet sur les inégalités de santé axé sur le Covid-19, les maladies cardio-vasculaires, la dépression et le cancer. 
Pour l’année 2024-2025, elle est invitée à occuper la chaire annuelle Santé publique, créée en partenariat avec l’agence nationale Santé publique France. 

Biographie : 

Nathalie Bajos, directrice de recherche à l’Inserm et directrice d’étude à l’École des hautes études en sciences sociales, conduit ses travaux au sein de l’Institut de recherche interdisciplinaire sur les enjeux sociaux – sciences sociales, politique, santé (Inserm-CNRS-EHESS). Ses recherches portent sur la production sociale des inégalités de santé, dans le champ de la sexualité et de la santé sexuelle (coresponsable des trois enquêtes nationales sur la sexualité 1992, 2006, 2023), sur le Covid-19 et sur les maladies cardio-vasculaires (projet ERC-Synergy 2020-2027). Basés sur de grandes enquêtes quantitatives en population générale et des enquêtes qualitatives, en France et à l’international, les résultats de ses recherches pluridisciplinaires, qui associent sociologues, démographes, épidémiologistes et économistes, sont mobilisés au service de la décision publique et des professionnels de santé. 

Membre de nombreuses commissions scientifiques en France et à l’étranger, elle a par ailleurs été responsable du département de la promotion de l’égalité et de la lutte contre les discriminations du Défenseur des droits (2015-2018), a assuré la direction de l’enquête sociologique de 2020 sur les violences sexuelles dans l’Église catholique de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église, et préside le Conseil national du sida et des hépatites virales depuis février 2024. 

Présentation de la leçon inaugurale 

Les inégalités de santé, phénomène aussi ancien qu’universel, représentent un enjeu majeur de justice sociale. Les statistiques sanitaires attestent de leur ampleur dans tous les pays du monde. De nombreuses recherches, relevant pour la plupart de l’épidémiologie sociale, ont permis d’identifier nombre de déterminants sociaux de l’état de santé comme le niveau d’étude, la profession, le revenu ou le lieu de résidence. C’est une perspective complémentaire que propose l’analyse sociologique de la production sociale des inégalités de santé. Elle appelle tout d’abord à considérer que ces inégalités sont l’une des manifestations les plus saillantes de l’inscription des structures sociales dans les corps et qu’il importe en conséquence d’appréhender les principaux rapports sociaux de pouvoir, qui renvoient notamment aux positions de genre, de classe et ethnoraciale, qui façonnent les pratiques sociales. Elle invite aussi à ne pas appréhender le biologique indépendamment du social mais à penser l’interaction complexe entre ces deux dimensions. Elle engage enfin à analyser les pratiques de santé au sein de trajectoires de vie, de la naissance jusqu’à la mort, en interaction avec les conditions d’accès et de prise en charge par les systèmes de soins. 

Le mot de Thomas Römer 

« Depuis 2018, la chaire Santé publique, créée en partenariat avec l’agence nationaleSanté publique France, a permis au Collège de France d’être fidèle à sa vocation formulée dans la devise Docet omnia (« On y enseigne toute chose »). Invité pour un an, chaque professeur de cette chaire à la croisée des problématiques médicales et sociétales a pu élargir le champ des recherches partagées dans nos amphithéâtres. Ainsi, nos auditeurs ont pu bénéficier d’éclairages précieux sur les pandémies, les inégalités des vies face aux question de santé publique, les risques liés aux contaminants environnementaux et la nutrition, dont les enjeux pour la population ne peuvent être surestimés. 
La chaire Santé publique accueille en 2024-2025 Natalie Bajos, sociologue et démographe, spécialisée sur les inégalités dans le domaine de la santé. Nous nous réjouissons de sa venue, tant nous sommes persuadés de l’importance de partager avec le grand public, ainsi qu’avec les principaux acteurs des politiques publiques de santé, les résultats de ses recherches, qui montrent la persistance des inégalités de santé, et les pistes pour réduire celles-ci.
» 

Pr Thomas Römer, Administrateur du Collège de France

Le mot de Caroline Semaille 

« Cette nouvelle édition de la chaire de Santé publique est une opportunité majeure pour approfondir la compréhension des inégalités sociales de santé, un enjeu central pour Santé publique France. Bien que l’état de santé général de la population française soit relativement favorable, il existe un paradoxe : de fortes inégalités de santé apparaissent dès l’enfance et persistent tout au long de la vie. Elles se manifestent à travers la prévalence des maladies, l’accès aux soins et les facteurs de risque, touchant aussi bien les pathologies chroniques qu’infectieuses. 
L’analyse des déterminants sociaux de l’état de santé, tels que le niveau d’études, la profession, le revenu ou le lieu de résidence, associée à l’analyse sociologique, explore les mécanismes sociaux qui génèrent et renforcent ces inégalités. Grâce à l’expertise de la sociologue et démographe Nathalie Bajos, plusieurs disciplines sont mobilisées pour comprendre les processus à l’origine de ces inégalités sociales de santé. Divers enjeux de santé seront abordés, tels que le Covid-19, les maladies cardiovasculaires, la santé mentale, la santé sexuelle et la santé au travail. 
En développant une culture commune en santé publique, nous affirmons notre engagement à mieux comprendre et réduire ces inégalités afin d’agir de manière plus efficace.
» 

Dr Caroline Semaille, Directrice générale – Santé publique France

À propos de la chaire Santé publique 

Créée en 2018, en partenariat avec l’agence nationale Santé publique France, la chaire Santé publique est destinée à encourager l’excellence de la recherche et le débat intellectuel au meilleur niveau sur les questions de santé publique, et particulièrement d’en rendre sensibles les enjeux contemporains, en France et dans le monde, auprès de la communauté médicale et scientifique, des décideurs et du grand public, par l’invitation sur la chaire d’une personnalité différente chaque année. 

Les années précédentes la chaire a accueilli : 

À propos de Santé publique France 

Santé publique France est l’agence nationale de santé publique. Fondée sur le continuum entre la connaissance et l’intervention, notre mission est de protéger et d’améliorer la santé des populations. Notre action comprend la surveillance de l’état de santé des français, l’anticipation et la protection face aux risques (infectieux, environnementaux...) et la prévention et promotion de la santé en vue de la réduction du fardeau des maladies et des inégalités sociales et territoriales.

À propos du Collège de France 

Le Collège de France, établissement public d’enseignement supérieur et de recherche établi à Paris depuis 1530, répond à une double vocation : être à la fois le lieu de la recherche la plus audacieuse et celui de son enseignement. On y enseigne ainsi à tous les publics intéressés, sans aucune condition d'inscription ni de diplôme, « le savoir en train de se constituer dans tous les domaines des lettres, des sciences ou des arts ». Il a également pour mission de favoriser l'approche interdisciplinaire de la recherche et de diffuser les connaissances en France et à l’étranger. Il propose, dans ses amphithéâtres et en ligne, près de 1000 cours et conférences chaque année, en accès libre à tous les publics : étudiants, chercheurs ou simples curieux. 

Le Collège de France est membre associé de l’Université PSL.

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Communiqué de presse

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