Le 9 Septembre 2021, l'Agence régionale de Santé (ARS) des Hauts-de-France était informée d'une suspicion de toxi-infection alimentaire collective (TIAC) touchant des élèves demi-pensionnaires, scolarisés dans plusieurs écoles d'une commune de la Métropole lilloise. Le 13 septembre 2021, deux cas de syndrome hémolytique et urémique (SHU) étaient diagnostiqués chez deux enfants hospitalisés, scolarisés dans cette commune. Santé publique France Hauts-de-France a été sollicité par l'ARS des Hauts-de-France afin d'apporter un appui aux investigations et à la gestion de cette TIAC. Au total, 35 cas de gastro-entérite, avec diarrhées glairo-sanglantes et fièvre (>38°C) dans la moitié des cas, ont été identifiés. Dix cas ont été hospitalisés et deux enfants ont développé un SHU. Les cas identifiés étaient des élèves demi-pensionnaires dans quatre groupes scolaires (29 cas), un parent d'élève et des personnes âgées bénéficiant du service de portage de repas à domicile de la commune (5 cas). Les cantines des cas étaient toutes approvisionnées par la cuisine centrale municipale. L'allure de la courbe épidémique était en faveur d'une source commune et ponctuelle de contamination lors des repas des 2 ou 3 septembre 2021. L'enquête cas-témoins, réalisée dans les établissements scolaires, concluait que seule la consommation de concombres en salade, servis au repas du 2 septembre, était statistiquement et significativement associée à la survenue de la maladie. Une souche d'E. coli producteur de Shiga-toxines (STEC) O157, hautement pathogène, a été isolée dans les coprocultures de huit cas, dont les deux enfants ayant développé un SHU et dans la salade de concombres incriminée. L'analyse génomique des souches a confirmé le regroupement génétique des souches cliniques et alimentaires qui appartenaient à un même cluster génomique. L'enquête vétérinaire a mis en évidence qu'une défaillance dans le processus de décontamination,associée à un épluchage incomplet des concombres contaminés, ont contribué à la survenue de cette TIAC. Les concombres incriminés provenaient de Belgique et les autorités sanitaires belges ont été informées via les circuits d'alerte européens dédiés. Aucun autre épisode de cas groupés d'infection à STEC en lien avec cette TIAC n'a été signalé à l'ARS sur la période alors que des concombres provenant du même lot avaient été largement distribués dans les collectivités et services de restauration commerciale de la région des Hauts-de-France. Le véhicule alimentaire, incriminé dans cette TIAC, fait partie des végétaux à risque du fait de son mode de consommation cru. Il est important de rappeler aux populations vulnérables et aux services de restauration collective, que la prévention du risque d'infection à STEC, liée à la consommation de végétaux crus passe par le lavage, la désinfection et l'épluchage.
Année de publication
: 2022
Pages : 24 p.
Collection : Études et enquêtes