Agir sur les espaces verts, les mobilités actives, la chaleur, la pollution de l’air et le bruit : quels bénéfices pour la santé ? Synthèse des résultats dans la Métropole Rouen Normandie

Publié le 4 décembre 2024
Mis à jour le 5 décembre 2024

Notre santé dépend de nombreux facteurs dont certains sont propres à chaque individu (comportement, facteurs génétiques) et d'autres plus largement partagés par une même population. Ainsi, la réduction à des facteurs de risques environnementaux tels que la pollution de l'air, le bruit, ou la chaleur et le développement de facteurs de protection et de promotion de la santé tels que l'activité physique ou la nature en ville sont de nature à protéger et améliorer la santé de la population. Ces actions contribuent également à s'adapter aux changements climatiques, à réduire les émissions de gaz à effet de serre et à protéger la biodiversité, dans une vision systémique de la santé. L'Évaluation quantitative des impacts sur la santé (ÉQIS) est une méthode formalisée pour illustrer l'influence sur la santé d'un déterminant de santé. L'ÉQIS s'appuie sur l'état de l'art des connaissances scientifiques, et sur des données et des scénarios locaux d'évolution des déterminants étudiés. Dans le cadre d'une étude pilote, Santé publique France a réalisé des ÉQIS portant sur l'amélioration de déterminants favorables à la santé (espaces verts urbains, mobilités actives) ou sur la réduction de déterminants défavorables (pollution de l'air, bruit, chaleur), dans trois métropoles françaises. Ce rapport met l'accent sur les principaux résultats obtenus pour la Métropole Rouen Normandie (MRN). L'étude a concerné près de 490 000 d'habitants. Pendant la période d'étude (2015-2017), plus de 4 300 décès ont été observés en moyenne chaque année dans la métropole. Les résultats de ces ÉQIS soulignent qu'agir sur les espaces verts, les mobilités, la pollution de l'air ou le bruit permettrait d'éviter à chaque fois plusieurs centaines de décès par an (au regard des situations " actuelles "). Ceci représente des bénéfices majeurs pour la santé, qui seraient observés sur l'ensemble du territoire, et pour certains seraient plus importants dans les zones plus défavorisées socialement. À titre d'illustration, si tous les îlots regroupés pour l'information statistique avaient le même niveau de végétation que les Iris les plus végétalisés de même densité, près de 300 décès seraient évités chaque année, soit 6,8 % de la mortalité de la métropole ; si chaque habitant de 30 ans et plus de la MRN faisait en moyenne 10 minutes de marche en plus par jour de semaine, on estime que près de 150 décès pourraient être évités chaque année, soit 3,4 % de la mortalité. Une durée de 10 minutes de vélo en plus par jour de semaine représenterait 250 décès évités chaque année, soit 5,7 % de la mortalité ; si les niveaux de particules fines (PM2,5) respectaient partout la valeur recommandée par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) en 2021 (5 µg/m3 en moyenne annuelle), 310 décès, soit 7,1 % de la mortalité, seraient évités. Cela permettrait également d'éviter chaque année 44 nouveaux accidents vasculaires cérébraux (AVC) (soit 6,2 % des AVC) et 2 nouveaux cancers du poumon (soit 4,4 % des cancers du poumon). Si les niveaux de dioxyde d'azote respectaient partout la valeur recommandée par l'OMS (10 µg/m3 en moyenne annuelle), 65 décès, soit 1,5 % de la mortalité, seraient évités. Ceci permettrait également d'éviter plus de 180 nouveaux cas d'asthme chez les enfants de 0 à 17 ans, soit 7,6 % des nouveaux cas d'asthme ; si toutes les communes respectaient les recommandations de l'OMS pour le bruit routier la nuit (45 dB Lnight), cela permettrait à 1 300 habitants de la MRN d'avoir moins de fortes perturbations du sommeil ; en moyenne chaque année, la chaleur pendant les jours très chauds (température moyenne ≥18,3 °C) a été responsable de près de 50 décès prématurés à la MRN. En transformant une information environnementale ou comportementale en impact sur la santé, les ÉQIS sont un outil intéressant d'aide à la décision pour contribuer à une prise en compte plus systématique de la santé dans les politiques publiques d'aménagement urbain. Les limites méthodologiques qui demeurent et les incertitudes associées ne remettent pas en cause l'importance des bénéfices attendus en transformant les environnements pour les rendre plus favorables à la santé.

Auteur : Pascal Mathilde, Blanchard Myriam, Lagarrigue Robin, Corso Magali, Stempfelet Morgane, Medina Sylvia, Wagner Vérène, De Crouy Chanel Perrine, Cochet Amandine, Pontiès Valérie
Année de publication : 2024
Pages : 40 p.
Collection : Études et enquêtes