Si la part des mésothéliomes pleuraux attribuable à une exposition professionnelle à l'amiante atteint 75 % à 92 % chez les hommes, de nombreuses questions subsistent concernant les facteurs d'exposition chez les femmes, les hommes jeunes et les personnes atteintes d'un mésothéliome localisé hors plèvre. Il existe aujourd'hui des arguments scientifiques forts pour considérer que certaines expositions non professionnelles à l'amiante peuvent jouer un rôle causal dans le mésothéliome de la plèvre. D'autres types d'exposition sont également suspectés de favoriser la survenue de mésothéliomes. La déclaration obligatoire (DO) des mésothéliomes a été mise en place en 2012 par Santé publique France afin de renforcer la surveillance des mésothéliomes (toutes localisations anatomiques) et d'améliorer la connaissance des facteurs d'exposition, notamment environnementaux, dans trois populations ciblées : les mésothéliomes hors plèvre, les mésothéliomes de la plèvre chez les hommes de moins de 50 ans et chez les femmes. Une étude pilote a été menée afin de tester la faisabilité et la pertinence de réaliser des enquêtes d'exposition auprès des individus de ces trois populations, identifiés à partir des notifications reçues dans le cadre de la DO. Elle s'est déroulée dans neuf régions volontaires : l'Alsace, l'Aquitaine, la Basse-Normandie, la Bretagne, la Franche-Comté, le Limousin, la Picardie, le Poitou-Charentes et La Réunion. Un questionnaire portant sur le parcours professionnel, résidentiel et scolaire du patient et ses activités potentiellement exposantes était administré en face à face par un enquêteur. Le présent rapport présente les résultats de cette étude en termes de faisabilité et de pertinence des enquêtes pour répondre aux objectifs de surveillance des expositions. Les expositions professionnelles et toutes les catégories d'expositions non professionnelles définies ont pu être décrites avec succès. Un important travail de data-management et des développements méthodologiques ont été réalisés. Un déploiement progressif de ces enquêtes sur l'ensemble du territoire national est recommandé. Ce déploiement permettrait d'apporter des connaissances essentielles pour orienter les actions de prévention. Sous réserve de la mise en oeuvre des recommandations identifiées dans le cadre de cette étude et de moyens humains et financiers suffisants, l'exploitation de ces enquêtes par Santé publique France est envisageable en routine dans le cadre du volet expositions du futur dispositif national de surveillance des mésothéliomes (DNSM).
Auteur : Grange D, Gallot C, Le Moal J, Rigou A, de Crouy Chanel P, Gane J, Cherie Challine L
Année de publication
: 2017
Pages : 151 p.