Apport du SNDS dans l’étude de la non-réponse à une enquête de santé : « Santé Post-Incendie 76 : une étude à l’écoute de votre santé »

Publié le 28 mai 2024
Mis à jour le 21 juin 2024

L'incendie survenu le 26 septembre 2019 sur les sites des entreprises Lubrizol et NL Logistique a été à l'origine de nombreuses nuisances environnementales. Dans le cadre du dispositif d'étude " Santé Post Incendie 76 ", une enquête de santé a été mise en oeuvre par Santé publique France afin d'estimer le type et la fréquence de l'exposition de la population aux différentes nuisances consécutives à l'incendie, les symptômes et problèmes de santé ressentis pendant et après l'événement. Au sein de la zone exposée (Rouen et ses alentours) et d'une zone non exposée (Le Havre et ses alentours), un échantillon de 10 777 personnes a été tiré au sort par la Division Sondages de l'Insee. Il a été estimé à partir de cette enquête que 92 % de la population adulte étudiée a ressenti au moins une des nuisances ou pollutions générées par l'accident, des odeurs le plus souvent. Les deux-tiers de la population ont rapporté au moins un symptôme qu'ils ont attribués à l'accident : stress, anxiété, angoisse, irritation des yeux et de la gorge, toux, essoufflement, maux de tête, troubles du sommeil, etc. Un an après l'incendie, la perception des nuisances et pollutions générées par l'incendie a eu un effet négatif sur la qualité de vie liée à la santé des personnes exposées. Ces premières analyses ont été réalisées à partir des données pondérées par les poids de sondage corrigés de la non-réponse totale, à l'aide la base de sondage Fidéli (Fichier démographique d'origine fiscale sur les logements et les individus) de l'Insee. Celle-ci a permis de disposer de variables pour les répondants comme pour les non-répondants, en particulier la distance de la résidence à l'incendie et de données socio-économiques. Les poids corrigés de la non-réponse ont été utilisés afin de produire le premier rapport de l'étude. Néanmoins, l'existence d'un biais de sélection endogène était suspectée, notamment si les personnes les plus affectées par les conséquences de l'incendie étaient plus enclines à répondre que les autres. L'absence de variables de santé pour les non-répondants ne permettait pas de vérifier l'hypothèse d'une participation à l'enquête indépendante de l'état de santé. Aussi, parallèlement à la réalisation de l'enquête, une demande d'accès aux données du système national des données de santé (SNDS) des personnes tirées au sort pour l'enquête avait été faite pour réaliser un appariement. L'objectif était de mener une analyse de sensibilité du traitement de la non-réponse à partir de la construction d'indicateurs de recours aux soins et traduisant l'état de santé, disponibles à la fois chez les répondants et les non-répondants. Ainsi, une association significative a été mise en évidence entre certains indicateurs de santé et la participation à l'enquête, notamment en zone exposée. Les personnes ayant consulté des professionnels de santé les 12 mois précédant l'enquête ont plus souvent participé à l'enquête que les autres. À l'inverse, les personnes dont les indicateurs indiquaient une santé dégradée ou une précarité économique ont moins souvent participé. Une association significative a été mise en évidence entre les indicateurs issus du SNDS (consultations chez le médecin, affection longue durée, hospitalisation etc.) et certaines variables clés mesurées par l'enquête, en particulier le score de santé physique, le score de santé mentale, ainsi que les symptômes de santé physique et psychique post-incendie en zone exposée. L'identification de ces associations simultanées entre indicateurs issus du SNDS, participation à l'enquête et variables d'intérêt illustre l'existence d'une sélection endogène et en partie différentielle entre zone exposée et non exposée. Santé publique France / Apport du SNDS dans l'étude de la non-réponse à une enquête de santé : " Santé Post-Incendie 76 : une étude à l'écoute de votre santé ". Toutefois, après inclusion de ces indicateurs de santé dans les modèles statistiques permettant de corriger la non-réponse à l'enquête, on constate une grande stabilité des estimations. Des modifications mineures de ces estimations ont été constatées en cohérence avec le biais de sélection précédemment mis en évidence, mais demeure d'une ampleur limitée. L'impact sur la santé des personnes les plus proches du lieu de l'incendie serait ainsi en réalité légèrement plus faible que ce qui a été montré avec les précédentes estimations produites sans recourir au SNDS. En conclusion, la correction de la non-réponse est améliorée si on utilise les variables issues du SNDS dans le modèle statistique. Cependant la différence dans les estimations produites se révèle très faible, questionnant la pertinence de l'effort à fournir pour mettre en œuvre et traiter ces données appariées.

Auteur : Pédrono Gaëlle, Bénéze Laetitia, Perrine Anne-Laure, El Haddad Maria, Zeghnoun Abdelkrim, Saoudi Abdessattar, Richard Jean-Baptiste, Blanchard Myriam, Empereur-Bissonnet Pascal, Golliot Franck, Motreff Yvon, Morel Pauline, Le Lay Emmanuelle
Année de publication : 2024
Pages : 46 p.
Collection : Méthode