En réponse à une saisine de la Direction générale de la santé concernant l'opportunité d'une surveillance épidémiologique autour du bassin industriel de Lacq, Santé publique France a développé une approche mixte combinant les approches qualitatives et quantitatives. Trois études ont ainsi été engagées : une analyse du contexte local, une étude géographique de mortalité et une étude exploratoire de morbidité. Ce rapport présente les résultats de la première étude sur l'analyse du contexte local. Son objectif était d'identifier les perceptions, les interrogations et attentes de différents acteurs locaux à l'égard des liens entre santé et environnement autour du site industriel. Pour établir ce rapport, Santé publique France s'est appuyée sur une étude qualitative par entretiens semi directifs (n=39) menée par l'Ifop auprès de différentes catégories de parties prenantes : représentants d'administrations de l'État, élus locaux, acteurs industriels, représentants syndicaux de salariés, professionnels de santé, riverains, associations de défense de l'environnement et de la santé et sur certains résultats du programme Acter (Accompagner les changements vers des territoires résilients) associant le CNRS et l'université de Pau. L'importance de l'axe emploi/économie émerge chez tous les interviewés en référence à une histoire industrielle très ancrée localement (exploitation du plus gros gisement gazier de France), mais aussi des craintes suite à l'arrêt de cette activité et la reconversion en cours des activités industrielles locales. L'axe santé/environnement apparaît comme une préoccupation croissante avec des niveaux d'inquiétude variables selon les acteurs interrogés. Il est relayé notamment par les deux principales associations et trouve un écho dans la presse locale. Les résultats des études épidémiologiques sont attendus même si l'absence de conclusion causale est anticipée du fait de limites méthodologiques (multifactorialité, effets cocktails). Une transparence sur les méthodes et les conditions de réalisation des études épidémiologiques est particulièrement attendue compte tenu des soupçons de collusion entre les acteurs publics (Agence) qui les portent, l'État et l'industrie. Une meilleure information des professionnels de santé locaux autour des polluants et de leur impact sur la santé a été également demandée. Enfin une évaluation de la fréquence de certains symptômes ou pathologies ne figurant pas nécessairement dans les bases de données utilisées par les épidémiologistes a été plébiscitée. Une étude de santé déclarée sera envisagée prochainement pour tenter d'y répondre.
Auteur : Perrey Christophe, Coquet Sandrine, Le Barbier Mélina
Année de publication
: 2019
Pages : 34 p.