Dans cet article

Contexte

La vallée de l’Orbiel se situe en aval du complexe de l’ancienne mine d’or de Salsigne, localisé à une vingtaine de kilomètres au nord de Carcassonne. La mine de Salsigne et ses sites annexes ont été exploités dès l’antiquité et jusqu’en 2004, date de la fermeture du dernier site. Près de 12 millions de minerais ont été traités sur le site pour en extraire notamment de l’or, les minerais non valorisés restant sur place, notamment sous forme de verses. A partir de 1999, une partie du complexe minier a fait l’objet d’actions de surveillance et de réhabilitation chiffrées pour un total de 45 millions d’euros jusqu’en 2021 (confinement, végétalisation, bassins de rétention…). 

L’impact sanitaire de cet ancien complexe minier est l’objet de préoccupations récurrentes dans la population, apparues dès la fin des années 1990, notamment à la suite des inondations de 1996. Elles ont conduit à la réalisation de plusieurs études de santé par Santé publique France sur les 20 dernières années.  

L’action et les réponses de Santé publique France

Etudes menées de 1998 à 2007

Enquête sur l’exposition de la population aux polluants d’origine industrielle – Région de Salsigne (Aude)

Suite aux inondations de 1996,  une étude d’imprégnation a été réalisée en octobre 1997, auprès d’un échantillon de 681 personnes tirées au sort dans 24 communes (20 exposées, 4 non exposées). L’étude avait pour objectifs d’estimer au sein de la population résidente, l’exposition aux principaux polluants identifiés dans la région de Salsigne (arsenic, cyanures, cadmium, plomb).
L’arsenic inorganique et ses métabolites, le cadmium, le plomb et les thiocyanates ont été dosés dans les urines ou les cheveux. Les résultats ont montré que les résidents de la région de Salsigne présentaient une surexposition à l’arsenic, de faible amplitude (référence utilisée 15 µg/g de créatinine), et ont identifié les déterminants de cette exposition qui ont été à l’origine des recommandations sanitaires mises en œuvre dans la zone : éviter la consommation de produits du jardin, l’utilisation de l’eau des puits privés, la consommation du vin produit localement, l’activité main-bouche pour les enfants. 

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Evaluation des conséquences sanitaires de la pollution d’origine industrielle de la région de Salsigne (Aude) – Enquête de mortalité par cancer

Une étude de mortalité par cancers a été effectuée en 1998, complétée en 2001 puis mise en jour en 2007 en comparant  la zone exposée à une zone témoin de l’Aude présentant des caractéristiques similaires, et à la France entière. L’étude a été menée à partir des données de mortalité par cancer obtenues auprès de l’Inserm et a porté sur l’ensemble des cancers et sur différentes localisations tumorales d’intérêt. Elle avait pour objectifs d’estimer l’impact chronique des expositions passées.
Les résultats sur la période 1968-1994 ont montré en zone exposée un excès de risque de cancers (tout type de cancers) et cancers respiratoires, ainsi qu’un excès de cancers digestifs chez les femmes. Les travaux complémentaires publiés en 2005 sur la même période ont montré que les excès de cancers observés ne pouvaient pas être expliqués exclusivement par des expositions professionnelles. Les travaux de mise à jour de 2007 incluant la période 1995-2003 ne mettait plus en évidence d’excès de risque, hormis pour les cancers du pharynx en zone exposée. Néanmoins, les résultats sont à interpréter avec prudence en raison des faibles effectifs qui ont pour conséquence de fragiliser la fiabilité des conclusions par rapport à la réalité. La puissance statistique qui exprime la probabilité de détecter une différence lorsqu'elle existe réellement, est dans ce cas bien en deçà de la valeur habituellement considérée comme acceptable (80% de chance ou plus). 

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Réponses aux saisines

Saisine de 2014

En 2014, l’Agence régionale de santé Occitanie a saisi Santé publique France sur la pertinence et l’opportunité de mener une actualisation des études sanitaires déjà réalisées. Santé publique France a proposé d’orienter une action sur les mesures de réduction des risques couplées à une surveillance de l’environnement et d’améliorer la communication vis-à-vis des populations sur le risque et les mesures de réduction de ce risque. 
A la suite de cette réponse, l’ARS a sollicité l’ORS-CREAI pour évaluer l’observance des recommandations sanitaires diffusées dans la vallée.

En savoir plus : Etude sur la connaissance et le suivi des recommandations sanitaires auprès de la population de la vallée de l'Orbiel. Note de synthèse. Novembre 2015.

Saisine de 2019

Suite aux inondations de 2018 dans la vallée de l’Orbiel, les préoccupations sanitaires ont resurgi dans la population et ont conduit l’ARS Occitanie à solliciter Santé publique France sur la pertinence de reconduire des études de santé. La mise en œuvre d’une démarche de « santé publique » a été proposée afin de donner la possibilité à la population de s’exprimer sur leurs inquiétudes, leurs questionnements, leurs attentes. Pour cela, Santé publique France lance l’étude PRiOR : pratiques et perception des risques par les habitants riverains de la vallée de l’Orbiel, en partenariat avec des scientifiques de l’Université de Toulouse-Jean Jaurès (UT2J) et du CNRS.

En savoir plus : Réponse aux saisines de l'ARS Occitanie concernant la vallée de l'Orbiel à la suite des inondations d'octobre 2018 : note de propositions d'aide pour la gestion. 2019, 16p.

Les actions mises en place

Constitution  d’un comité d’interface avec les parties prenantes

Un comité d’interface réunissant les parties prenantes, dont des élus et des représentants de la population a été mis en place par Santé publique France pour traiter des propositions portées par Santé publique France (étude du contexte local, étude en santé, recommandations sanitaires). Le comité d’interface a été constitué à partir d’un appel à volontaires réalisé dans le cadre de la commission de suivi de site (CSS) afin que chaque collège de la CSS soit représenté. Il est présidé par le Dr Pascale Fabbro-Peray, médecin de santé publique au CHU de Nîmes (laboratoire  de biostatistiques, épidémiologie clinique, santé publique innovation et technologie). La synthèse des comptes rendus de séances seront rendus publics.

Le comité d’interface a priorisé les cancers comme pathologie d'intérêt. En l'absence de données d'incidence des cancers à l'échelle communale (morbidité), il a été décidé de mener, dans une première étape, une étude de mortalité par cancers. Suite aux propositions des relecteurs extérieurs, d'autres pathologies liées à l'exposition aux métaux ont été ajoutées à cette étude de mortalité : les maladies cardio-vasculaires et les maladies neurodégénératives de type Parkinson. 

Mise en place de l'étude PRIOR

Santé publique France, en partenariat avec des scientifiques de l’Université de Toulouse-Jean Jaurès (UT2J) et du CNRS, a mené entre 2021 et 2023, l’étude PRIOR : Pratiques et perception des RIsques par les habitants riverains de la vallée de l’ORbiel.

Conduite auprès d’environ 600 adultes, l'étude visait à recueillir les pratiques et la perception du risque des habitants de la vallée de l’Orbiel à travers la manière dont ils vivent les pollutions du territoire et ressentent les risques associés (d’ordre sanitaire, environnemental, socio-économique, etc.). La connaissance du vécu des habitants a ainsi permis ainsi de proposer des actions adaptées à leurs préoccupations.