À la suite d'un signal sanitaire émanant de médecins généralistes s'interrogeant sur un éventuel excès de cas de glioblastomes sur les communes de Salindres et Rousson (Gard) en 2010, deux études épidémiologiques ont été menées de 2006 à 2010, puis de 2011 à 2015, à partir des données du Recensement national histologique des tumeurs primitives du système nerveux central (RnhTPSNC). La seconde confirmait l'existence d'un excès de cas de 2011 à 2015 et sur la période élargie 2006-2015, et recommandait d'affiner l'investigation environnementale sur la présence de sources potentielles de rayonnements ionisants, facteur de risque connu des glioblastomes, et de poursuivre l'étude pendant cinq ans de plus. L'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) a ensuite levé le doute en concluant à l'absence d'anomalie radiologique dans la zone. Ce rapport présente l'actualisation des deux études précédentes sur l'ensemble de la période 2006-2020. Pour ce faire, deux approches ont été considérées : (i) la première, similaire aux précédentes études, a consisté à rechercher l'historique professionnel des cas de Salindres et Rousson sur la plateforme industrielle, à calculer des ratios standardisés d'incidence (SIR) de la zone des deux communes en prenant comme référence le reste du Gard, et à mener une analyse de sensibilité des calculs de rapports standardisés d'incidence (SIR) ; (ii) la seconde, inédite, a consisté à réaliser une analyse par balayage spatio-temporel en prenant comme zone d'étude l'ensemble du département. Les résultats de ces deux approches confirment une surincidence des glioblastomes confirmés histologiquement dans la zone de Salindres et Rousson avec un SIR de 3,06 significatif sur 2006-2020 (approche 1). Plus largement, une surincidence est confirmée dans une zone qui couvre un secteur plus étendu au nord du département du Gard, bien au-delà du seul périmètre des deux communes, mise en évidence par l'existence, dans ce secteur, de plusieurs agrégats significatifs (approche 2). Par ailleurs, l'étude met en évidence une augmentation annuelle moyenne de l'incidence de ces tumeurs de 3,2 % dans le Gard, tendance homogène sur le plan géographique. Compte tenu de ces résultats et de la faible plausibilité d'une exposition d'une très large part de la population du secteur nord du Gard à des facteurs de risque avérés comme les rayonnements ionisants, de l'absence d'hypothèse forte sur le rôle d'autres facteurs de risque pouvant orienter l'investigation, et de la tendance globale à l'augmentation de l'incidence des glioblastomes confirmés histologiquement dans le département du Gard, en France et à l'international, il est proposé de replacer la situation observée dans le Gard dans un cadre plus général d'amélioration des connaissances des facteurs de risque de cette pathologie, et des raisons qui pourraient expliquer l'augmentation de l'incidence des cas de glioblastomes à différentes échelles géographiques (départementale, nationale, internationale). Des efforts en ce sens sont ainsi déployés par la communauté scientifique internationale. C'est le cas en France, avec la mise en place, en 2023, par l'Institut national du Cancer et Santé publique France, du comité d'expert relatif à l'augmentation de l'incidence des glioblastomes, et de la poursuite des travaux de l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) sur les effets cancérogènes des radiofréquences.
Auteur : Chappert Jean-Loup, Riondel Adeline, Catelinois Olivier
Année de publication
: 2024
Pages : 35 p.
Collection : Données de surveillance