Introduction. Une épidémie à virus chikungunya (v-CHIK) était rapportée aux Comores au début 2005. Elle s'est ensuite propagée à l'ensemble des îles du sud-ouest de l'Océan indien, entraînant ainsi une épidémie régionale massive et prolongée sur plus de 18 mois. Parallèlement au dispositif de surveillance passive renforcée, des enquêtes complémentaires ont été menées afin d'étayer la situation de l'épidémie à Mayotte. Méthodes. Une enquête sérologique visant à déterminer la prévalence des anticorps anti-chikungunya a été conduite à partir d'échantillons de sérums congelés provenant de femmes enceintes et collectés en octobre 2005 (n=316) et entre mars et avril 2006 (n= 629). L'enquête communautaire clinique visant à mesurer l'incidence cumulée des cas de chikungunya présumé, s'est déroulée entre le 1er et le 10 mai 2006 (n= 2235). Résultats. L'enquête sur les échantillons de sérums de femmes enceintes a révélé un taux d'infection récente (présence d'IgM) de 1,6 % en octobre 2005 et de 26 % en avril 2006. L'enquête communautaire a montré une incidence cumulée (du 1er janvier au 10 mai 2006) de chikungunya cliniquement présumé de 26 %. Rapportée à la population, elle correspond à près de 250 cas de chikungunya pour 1 000 habitants entre janvier 2006 et mai 2006. Conclusion. Ces résultats suggèrent que l'introduction du virus chikungunya à Mayotte en 2005 a conduit à une épidémie massive en 2006 et d'ampleur comparable à celle de La Réunion. En raison de son extension rapide et importante à travers toute la région, le développement de programmes de surveillance et de prévention des arbovirus au niveau local et régional demeure d'importance considérable en santé publique. (R.A.)
Auteur : Sissoko D, Delmas G, Giry C, Petinelli F, Saidali R, Gabrie P, Abaine A, Paquet C, Pierre V
Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire, 2007, n°. 48-49, p. 405-7