Prévenir l’usage
Plus la consommation est précoce, plus le risque de développer une addiction sur le long terme augmente. Un des enjeux est donc de retarder l’entrée dans les consommations. Il existe ainsi des dispositifs de prévention en direction des adolescents (en milieu scolaire par exemple), des jeunes et des familles pour prévenir l’entrée dans les consommations de drogues.
Plusieurs dispositifs visent à renforcer les compétences des enfants et les jeunes afin de favoriser un ensemble de comportements favorables à la santé, notamment concernant les addictions comme la capacité à dire non, la capacité à gérer ses émotions, la capacité à communiquer. On les nomme « compétences psychosociales » ou CPS.
En savoir plus :
- Les compétences psychosociales : définition et état des connaissances.
- Séminaire "développement des compétences psychosociales des enfants et des jeunes : un référentiel pour favoriser un déploiement national", 14 et 15 décembre 2021
Dans le cadre de programmes de soutien à la parentalité, des guides pratiques ont été développés pour accompagner les professionnels de secteur de la santé, du social ou de l’éducation qui souhaitent entreprendre des actions alliant promotion de la santé et accompagnement à la parentalité.
Ne pas laisser s’installer l’addiction
Il s’agit aussi d’empêcher l’installation de l’addiction chez les consommateurs et d’aider à l’arrêt des consommations dans le cas d’un trouble de l’usage. Pour cela, le repérage précoce et l’intervention brève sont des outils utiles pour les professionnels de santé. Pour favoriser ces actions, la Haute autorité de santé (HAS) a publié un outil d’aide au repérage précoce des consommations d’alcool, de tabac et de cannabis destiné aux médecins pour les aider à faire le point avec leurs patients sur leurs consommations. De manière plus large, l’ensemble des consommations de produits psychoactifs peut être interrogés en consultation.
Réduire les risques et les dommages liés à la consommation de drogues
En France, les premières interventions de réduction des risques et des dommages (RDRD) ont débuté dans les années 1990 dans le cadre de la lutte contre l’épidémie de VIH-sida parmi les usagers de drogues par voie injectable. Elles s’appuyaient sur la distribution de matériel à usage unique (seringues, pipes à crack, matériel de snif, kits d’injection et d’inhalation…) et la diffusion des traitements de substitution aux opioïdes.
Le terme RDRD, recouvre une palette d’actions pragmatiques mises en œuvre en direction des usagers qui ne peuvent renoncer à consommer de la drogue par voie injectable. Il s’est aujourd’hui étendu à d’autres produits et à d’autres modes de consommation.
Parmi les actions de RDRD on retrouve :
- l’accès aux kits de consommation à moindre risque, notamment les seringues stériles et les programmes d’échange de seringues (PES),
- l’accès aux traitements de substitution aux opiacés,
- l’accès à des lieux de consommation sécurisés et d’accompagnement à l’injection (développement des salles de consommation à moindre risque – SCMR),
- de la diffusion d’informations sur les risques et les moyens de les réduire lorsqu’on consomme. A noter que ces informations peuvent s’appuyer sur l’expérience des usagers eux-mêmes via l’action des associations d’auto-support des usagers de drogues.
Développer l’accueil, l’accompagnement et la prise en charge des usagers et de leur entourage
Différents types de structures spécialisées assurent la prise en charge médicale, psychologique et sociale des usagers de manière anonyme et gratuite.
Ces centres accueillent de façon anonyme et gratuite les personnes consommatrices et leur entourage. Des équipes pluridisciplinaires (médecins, infirmiers, psychologues, éducateurs…) interviennent au sein des CSAPA et assurent l’accompagnement global de ces publics. Cela comprend :
- l’accueil, l’information, l’évaluation globale de la situation de la personne ou de son entourage,
- la réduction des risques et des dommages associés à la consommation de substances psychoactives,
- l’accompagnement médical, psychologique, social et éducatif des patients. Cela comprend le diagnostic, les prestations de soins, l’accès aux droits sociaux et l’aide à l’insertion ou à la réinsertion.
Les CSAPA sont financés par l’Assurance Maladie et portés par des associations ou par des établissements publics de santé. Certains CSAPA mettent en place des consultations de proximité. Ils peuvent accueillir les usagers en ambulatoire ou proposer des services de soin résidentiel.
De nombreux CSAPA organisent l’accueil des jeunes consommateurs et de leur entourage dans le cadre de consultations jeunes consommateurs (CJC). Les CJC ont pour objectif le repérage précoce des consommations problématiques. Elles s’adressent en priorité aux jeunes consommateurs de 12 à 25 ans et à leur entourage. Les CJC se tiennent en général dans les CSAPA mais peuvent également avoir lieu au sein de Maisons des adolescents ou de Points accueil écoute jeunes.
- En savoir plus : Consulter la liste des Consultations Jeunes Consommateurs
Les CAARUD reçoivent les usagers de drogues qui ne sont pas dans une démarche de soin. Une attention est portée aux usagers en situations de précarité. Ils leur proposent un accueil inconditionnel, des services d’hygiène, des soins infirmiers, du matériel et des conseils pour réduire les risques et les dommages associés à leurs consommations. Selon les lieux peuvent être proposés :
- des tests de dépistage rapide TROD (VIH, VHC…),
- des analyses de produit,
- des consultations médicales,
- une aide dans les démarche d’accès aux droits ou aux soins,
- des services mobiles sur les lieux de vie et de consommation des personnes consommatrices.
En savoir plus : Consulter la liste des CAARUD
Les unités hospitalières spécialisées dans la prise en charge des personnes confrontées à une addiction se sont largement développées ces dernières années et sont organisées en trois niveaux :
- Les unités de niveau I, dites unités de proximité, proposent aux personnes consommatrices de substances des consultations externes et des sevrages hospitaliers simples, de courte durée. Elles disposent également d’équipes de liaison chargées de faire le lien entre l’ensemble des services qui interviennent lors de l’hospitalisation des personnes addictes.
- Les unités de niveau II, dites de recours, proposent en complément des missions des unités de niveau I, un accueil pour des sevrages hospitaliers dits complexes de plus longue durée. Elles peuvent également organiser des séjours en soins de suite et de réadaptation afin de permettre aux usagers de recouvrer un équilibre et de consolider leur changement. Cet accueil se fait soit en résidentiel soit dans le cadre d’accueil de jour.
- Les unités de niveau III, dites de recours régional, assurent des missions de recherche, de formation et d’enseignement, de coordination régionale.
L’accueil en unités hospitalières est particulièrement recommandé aux personnes fragilisées par des sevrages antérieurs ou souffrant de comorbidités psychiatriques ou somatiques.