SCoPe : une étude de séroprévalence auprès d’une population vulnérable de Perpignan

Santé publique France a conduit, en partenariat avec le Centre hospitalier de Perpignan, une étude de séroprévalence au sein de 3 quartiers défavorisés de Perpignan particulièrement touchés par la première vague de l’épidémie de COVID-19.

Mis à jour le 4 janvier 2022

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Contexte de l'étude

Lors de la première vague en mars 2020, l’épidémie de COVID-19 a particulièrement impacté des quartiers défavorisés de Perpignan dont la population est majoritairement gitane. Pour faire face à la flambée épidémique, des centres COVID dédiés avaient été installés en urgence dans ces quartiers et les mesures du confinement renforcées. Une surveillance spécifique, réalisée par Santé publique France, avaient confirmé que la circulation virale avait été plus intense dans ces quartiers. 

Par la suite, une enquête transversale de séroprévalence des anticorps anti-Sars-Cov-2 dans la population de ces quartiers (ScoPe) a été initiée par le CH de Perpignan en partenariat avec Santé publique France afin d’estimer plus précisément l’impact de la première vague. Cette approche permettait d’évaluer le potentiel épidémique qui subsistait dans ces quartiers et d’adapter les mesures de prévention dans une population particulièrement vulnérable tant vis-à-vis du risque d’infection et que de sa gravité.

Objectifs

Objectif principal : 

  • déterminer le taux d’attaque de la COVID-19 par l’estimation de la prévalence des anticorps anti-Sars-Cov2 dans la population de ces quartiers.

Objectifs secondaires : 

  • analyser la concordance entre les marqueurs sérologiques et l’existence de symptômes cliniques,
  • étudier l’association entre le niveau de séroprévalence et des facteurs socioculturels et environnementaux.

Population étudiée

L’enquête concernait les personnes de 6 ans ou plus ayant résidé dans la zone d’étude depuis le 1er janvier 2020. La zone d’étude correspondait à trois quartiers de Perpignan : Saint-Jacques, Haut-Vernet (Iris Haut-Vernet 3) et Nouveau-Logis.

Déroulement de l'étude

L’étude s’est déroulée du 30 juin au 17 juillet 2020. Au sein de chaque quartier, des logements ont été tirés au sort, puis des personnes ont été sélectionnées au sein de ces foyers. Ces personnes ont été invitées à participer à l’enquête lors d’une visite à leur domicile par des médiateurs d’associations locales et des agents des centres sociaux des quartiers. Les participants se sont ensuite déplacés vers des centres dédiés à l’enquête où des médecins et infirmier-ères du CH de Perpignan leur ont posé un questionnaire et réalisé un prélèvement sanguin. Les analyses biologiques ont été effectuées par le laboratoire du CH de Perpignan selon la méthode Elecsys Anti-SARS-CoV-2.

Au total, 700 personnes ont été prélevées lors de l’enquête, dont 312 personnes à Saint-Jacques, 173 personnes à Haut-Vernet et 215 personnes à Nouveau Logis. Parmi les foyers contactés, 73,6% ont accepté d’être inclus dans l’enquête au moment du passage à domicile. Le taux de participation parmi les personnes tirées au sort a atteint 56,1%. 

Premiers résultats

Sur l’ensemble des quartiers, la proportion de personnes séropositives s’élevait à 35,4% [intervalle de confiance à 95% : 30,2-41,0]. Cette séroprévalence a atteint 46,7% [39,0-54,7] à Saint-Jacques et est significativement différente des quartiers Haut-Vernet et Nouveau Logis, où elle a atteint respectivement 13,9% [8,2-22,6] et 17,1% [13,0-22,2]. 

39,2% des femmes étaient séropositives et 31,5% des hommes. La séroprévalence s’élevait à 33,9% chez les 6-14 ans, 50,4% chez les 15-19 ans, 38,6% chez les 20-44 ans, 30,6% chez les 45-64 ans et 14,7% chez les 65 ans et plus. Ajusté sur le quartier, la séroprévalence était significativement plus faible chez les 65 ans et sensiblement plus élevée chez les femmes.

Parmi les personnes séropositives, 21,7% [14,1-31,8] ont déclaré n’avoir eu aucun symptôme.

Séroprévalence du Covid-19 par quartier, Enquête SCoPe, juin 2020
Séroprévalence du Covid-19 par quartier, Enquête SCoPe, juin 2020
Source : Santé publique France
Séroprévalence du Covid-19 par âge, Enquête SCoPe, juin 2020
Séroprévalence du Covid-19 par âge, Enquête SCoPe, juin 2020
Source : Santé publique France

Premières conclusions

D’après les données de l’étude Epicov (étude nationale de séroprévalence en population générale), le taux de séroprévalence était estimé à 1,9% pour l’Occitanie au mois de mai. Ces résultats, comparés à ceux de l’étude SCoPe, confirment donc une circulation importante du virus Sars-Cov2 au sein de ces quartiers de Perpignan lors de la première vague épidémique. Plusieurs facteurs peuvent expliquer l’intensité de cette circulation et sont en cours d’analyse (socioculturels, environnementaux, déterminants de santé, gestes barrières et comportements préventifs).

Les résultats de cette étude seront complétés par une approche socio-comportementale menée actuellement par le CREAI-ORS Occitanie qui a été sollicité par Santé publique France pour documenter de manière qualitative la situation spécifique observée dans ces mêmes quartiers face à l’épidémie de COVID-19. Plus précisément, il s’agit d’étudier la perception, les attitudes et les pratiques liées à l’épidémie, à l’infection et à la compréhension et la mise en œuvre des recommandations sur les mesures barrières et le confinement.

Il reste nécessaire que la population de ces quartiers maintienne un bon respect des gestes barrières et des mesures de prévention. Au-delà du risque d’infection, cette population est également plus exposée au risque de faire des formes graves compte tenu de la plus forte prévalence de certaines pathologies connues pour augmenter le risque de développer une forme plus grave de la COVID-19.

Suite des analyses et diffusion de l’ensemble des résultats 

L’analyse statistique des données se poursuit afin de décrire plus en détail la population impactée et de mesurer l’association entre la séroprévalence et les déterminants de la contamination. Ces déterminants portent sur des caractéristiques individuelles (comorbidités, personnes malades dans l’entourage, etc.) et collectives (quartier, type de logement et densité, etc.). Les résultats complets seront disponibles d’ici fin 2020 et feront l’objet d’une diffusion auprès de la population. Ils seront publiés sous la forme d’un rapport et d’une publication scientifique.

Confidentialité des données et protection des participants à l’enquête

Le protocole de cette étude a reçu un avis favorable d’un Comité de Protection des Personnes et a fait l’objet d’une déclaration à la Cnil. Les personnes ayant accepté de participer à l’enquête ont été informées de leurs droits d’opposition, d’accès, de rectification, d’effacement et de limitation du traitement de leurs données. Le résultat de leur analyse sérologique a été mis à leur disposition ou à celle de leur médecin traitant s’ils en avaient formulé la demande. Les données collectées restent strictement confidentielles et leur traitement statistique est effectué une fois celles-ci rendues anonymes.